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Le tabac bulgare à bout de souffle

Économie > Agriculture > Le tabac bulgare à bout de souffle
Par Sophie MAKRIS, Diana SIMEONOVA,  publié le 13 août 2017 à 9h12.
 4 minutes

Lorsque Fatmagul Ali a cueilli ses premières feuilles de tabac, elle avait sept ans et la production bulgare était fameuse dans le monde entier. Cinquante ans plus tard, elle se casse toujours le dos dans son modeste champ, mais la récolte ne rapportera rien.

Il n’est pas cinq heures du matin et la cueilleuse, équipée d’une lampe frontale, n’est qu’un point lumineux dans l’obscurité accompagné d’un bruit saccadé: celui des feuilles que ses doigts prélèvent d’un coup sec à quelques centimètres du sol.

Un geste qu’elle et son mari, Fahim, répèteront tous les jours jusqu’à la fin de l’été sur leur exploitation du massif des Rhodopes, une région à majorité musulmane située près de la frontière grecque, démarrant avant l’aube pour préserver la fraîcheur de la feuille.

“En comptant nos frais, nous travaillerons aujourd’hui juste pour une poignée d’euros”, explique le couple de quinquagénaires, les doigts jaunis par la plante.

Plus de 25 ans après le démantèlement de l’économie communiste, le secteur du tabac bulgare, qui fut l’un des fleurons agricoles et manufacturiers du pays, n’est plus que l’ombre de lui-même, bien que les Bulgares continuent de figurer parmi les plus gros fumeurs de l’Union européenne.

“Nous n’avons pas su reconstruire un système compétitif”, explique Tsvetan Filev, président de l’association bulgare des cultivateurs de tabac.

Les printemps à planter puis à surveiller “comme un bébé” chacun des milliers de plants, les récoltes courbées en deux, les mois de séchage pour que les feuilles prennent leur teinte dorée, Fatmagul et son mari ont toujours connu. Mais une rentabilité si faible, jamais.

Monnaie d’échange

Avec un prix du kilo attendu autour de 5 leva (2,50 euros), le couple espère réaliser un chiffre d’affaires de tout juste 2.300 euros. Le revenu annuel net –quelques centaines d’euros chacun– est si dérisoire que les Ali doivent le compléter avec un second emploi, elle dans une épicerie, lui comme postier.

Introduit par les Ottomans lors de leur domination des Balkans, le “tjutjun”, selon le mot turc toujours employé aujourd’hui, est quasiment la seule plante à s’épanouir sur la terre aride du sud du pays.

A partir de la fin du 19e siècle, “le tabac fut une véritable monnaie d’échange pour le jeune Etat bulgare” qui obtint des crédits bancaires internationaux ou encore des machines-outils en monnayant son or vert, rappelle Nikolaï Valkanov, économiste agricole.

C’est aussi depuis toujours l’occupation principale des musulmans bulgares. Une activité harassante et très gourmande en main-d’oeuvre, le pays ayant raté le virage de la mécanisation. La région de Kirkovo affiche ainsi le plus grand nombre de cultivateurs de tabac de l’UE par habitant.

Mais il est loin le temps où la Bulgarie s’était hissée, dans les années 1970, au rang de premier exportateur mondial de cigarettes, quand le pays fournissait tout l’empire soviétique.

D’un pic de plus de 100.000 tonnes de tabac à cette époque, la production a dégringolé à 16.250 tonnes en 2016, le pays oscillant désormais entre le 4e et le 5e rang des producteurs au sein de l’UE, loin derrière le leader italien.

Et le nombre de cultivateurs a quasiment été divisé par deux depuis 2014, selon Tsvetan Filev.

“Nous pensons à abandonner le tabac, ça n’a plus de sens”, confirme Fahim.

“Autrefois, il y avait des champs de tabac partout, regardez maintenant”, se lamente Hasansabri Mehmed, responsable régional de l’association des producteurs de tabac. “Si les prix n’augmentent pas, il n’y aura plus personne dans vingt ans”.

“Sans avenir”

Parmi les quatre variétés cultivées, l’oriental, un tabac blond apprécié pour ses arômes, reste le produit phare, même si la Bulgarie en assure désormais moins de 10% de la production mondiale, contre 20 à 30% dans l’entre-deux-guerres.

Les systèmes d’irrigation ont cessé d’être entretenus, les semences ne sont plus fournies par l’Etat, le niveau de formation des cultivateurs est médiocre. Résultat: la productivité est faible et “nous avons un problème de qualité qui tire nos prix à la baisse”, selon Tsvetan Filev.

Les exploitations de toute petite taille aggravent le problème: “Il est difficile d’établir des standards avec autant de petits propriétaires”, estime Nikolaï Valkanov.

Pour lui, des intérêts politiques ne sont pas étrangers à la désaffection de la filière. “Tout ce qui concerne le tabac passe par le parti” de la minorité musulmane MDL, hégémonique localement, relève-t-il. Selon cet expert, la formation s’est notamment opposée à la privatisation et au redressement de la régie publique Bulgartabac.

“Cultiver le tabac peut être rentable, mais tel que la Bulgarie le fait actuellement, c’est sans avenir”, estime-t-il.

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