Mali : la junte recule
Un accord a été trouvé samedi 19 mai entre la CEDEAO et l’ex-junte ayant conduit le putsch du 22 mars à Bamako. Les termes de la transition politique sont ainsi règlés, mais l’organisation ouest-africaine entend rester extrêmement vigileante.
C’est le capitaine Sanogo -leader des ex-putschistes- en personne qui l’a annoncé à la télévision : « un accord de principe concernant la transition politique du Mali a finalement été trouvé ». L’homme s’est finalement plié aux exigences de la CEDEAO, en acceptant in-extremis que Dioncounda Traoré, à la tête du pays depuis le 12 avril pour un délai initial de 40 jours, mène la transition d’un an jusqu’à l’organisation de nouvelles élections. Sanogo et l’ex-junte, accusés de bloquer tout processus de retour à l’ordre constitutionnel, s’étaient jusqu’ici fermement opposé à cette solution, prônant pour leur part une convention nationale destinée à choisir un nouveau président de transition en remplacement de Traoré. Vendredi 18 mai, l’organisation ouest-africaine, excédée de l’ingérence des illégitimes ex-putschistes dans les négociations, avait ainsi réitéré ses menaces de sanctions à leur encontre.
Entre menaces de sanctions et amnistie
Samedi 19 mai, les ministres burkinabè Djibrill Bassolé et ivoirien Adama Bictogo, médiateurs ouest-africains pour la crise au Mali dépêchés à Bamako, ont donc obtenu du capitaine qu’il fasse machine arrière. Peut-être les menaces de sanctions, à l’approche de l’expiration du mandat de 40 jours incombant à Dioncounda Traoré ont-elles été prises au sérieux. Sans doute également que l’adoption le 18 mai, par une Assemblée Nationale malienne unanime, d’une loi d’amnistie à l’égard des ex-putschistes aura permis d’apaiser un tant soit peu le climat électrique entre les deux parties. Toute possibilité de poursuite à l’encontre des auteurs du coup d’Etat du 22 mars contre Amadou Toumani Touré est en effet écartée.
La CEDEAO gagne une victoire, pas la guerre
Bien qu’un accord de principe ait pu être trouvé, la CEDEAO n’en reste pas moins méfiante. Les récents événements dans la capitale ont en effet démontré que les militaires y sont encore extrêmement influents, malgré la restitution du pouvoir aux civils il y a de cela un mois et demi. L’organisation ouest-africaine n’a ainsi pas hésité à renouveler sa ferme intention de scruter le déroulement de la transition à la loupe, et n’écarte toujours pas la possibilité d’une intervention en cas de faux-pas de l’ex-junte. La délégation de la CEDEAO à Bamako devrait par ailleurs être rejointe ce dimanche par des représentants de l’Union Africaine et de l’ONU, qui souhaitent s’assurer que le capitaine Sanogo restera bien en dehors du processs politique.
L’ordre constitutionnel ainsi rétabli, ne reste plus qu’à s’attaquer à ce qui demeure le plus grand défi actuel pour le Mali : la partition du pays.