Il se disait menacé par la mafia, un Arménien compagnon d’Emmaüs et sans-papiers expulsé dans son pays d’origine
Un compagnon d'Emmaüs originaire d'Arménie et sans-papiers a été renvoyé dans son pays d'origine après avoir vu sa demande de protection refusée. Demande qui avait été motivée par la crainte que la mafia arménienne ne s'en prenne à lui suite à une dénonciation.
C’est mardi que Hovhannes Sarhadyan, compagnon d’Emmaüs, a été expulsé du territoire français vers son pays d’origine, l’Arménie. Cet homme de 25 ans était ainsi sans-papiers. C’est le 15 juillet dernier qu’il avait été appréhendé par les autorités dans l’Ain alors qu’il se rendait à Chambéry, dans le cadre d’une mission qui devait l’y retenir 15 jours au sein d’une communauté Emmaüs. Ouest-France cité les explications de la préfecture : “les instances nationales en charge de l’instruction des demandes d’asile, après un examen détaillé de la situation d’Hovhannes Sarhadyan, n’ont pas jugé qu’il était en danger dans son pays d’origine”.
Un Arménien renvoyé son son pays où il se dit en danger de mort
Hovhannes avait effectivement déposé une demande d’asile auprès de l’administration française. Emmaüs indique que son compagnon se disait menacé de mort dans son pays suite à la dénonciation d’un trafic de drogue aux autorités de la part de sa famille. Après son arrestation il y a maintenant près de deux mois, Hovannes avait été transféré dans un centre de rétention à Lyon. La préfecture a fait savoir que la décision d’expulsion a “bien été mise en œuvre” mardi “en exécution de décisions de justice”.
Une décision “inadmissible” selon Emmaüs France
Michel Frédérico, vice-président d’Emmaüs France, a confirmé que le jeune homme se trouvait mardi après-midi dans un vol pour l’Arménie. Pour Emmaüs France, il est “inadmissible” d’expulser du territoire un compagnon en danger de mort dans son propre pays et qui plus est “particulièrement bien inséré” sur sa terre d’accueil. “C’est inadmissible de renvoyer quelqu’un en jouant sur le fait qu’il risque peut-être sa vie, peut-être pas”, déclare ainsi M. Frédérico qui ajoute que “s’il décède là-bas, la faute en incombera à l’État français”. On apprend d’ailleurs que la régularisation de Hovhannes devait intervenir dans trois mois. Le vice-président d’Emmaüs France reconnaît que “des compagnons menacés d’expulsion, c’est déjà arrivé, mais pas depuis environ deux ans et demi. D’habitude, ça se passe plutôt bien; on écrit au préfet; il nous écoute. Mais cela dépend des départements”. Il nourrit en tout cas l’espoir d’une belle conclusion à cette histoire : “On ne baisse pas les bras et on va tenter de le faire revenir”.