Cet avion à hydrogène vient d’établir un premier vol record
Un avion vient de réussir à voler avec un seul moteur alimenté à l'hydrogène. Une grande première très intéressante pour l'avenir du transport aérien.
Le 2 mars 2023, l’avion civil Bombardier Q Series ou de Havilland Canada DHC-8, aussi connu sous le nom de Dash 8, a volé au-dessus de Moses Lake, dans l’État de Washington. Cet avion était équipé d’un moteur extrêmement novateur utilisant un carburant qui pourrait révolutionner le transport aérion. L’avion était piloté par Alex Kroll, ancien de l’Air Force, et deux assistants. Après son décollage, il a réduit la puissance de l’un des moteurs, pour ne voler qu’avec celle d’un unique moteur à hydrogène.
Cet avion est le fruit des travaux de Universal Hydrogen, une startup basée à Los Angeles qui cherche à transformer les niveaux d’émission produits par le transport aérien commercial conventionnel. « Si vous ne trouvons pas de solution de décarbonisation, nous allons devoir réduire les volumes de trafic, nous devrons limiter la croissance de l’industrie pour la première fois depuis la naissance de l’aviation de ligne », déclarait son PDG, Paul Eremenko à The Seattle Times.
L’appareil est très spécial. Il utilise un moteur Pratt & Whitney traditionnel sous l’une de ses ailes et un moteur électrique alimenté par une batterie à l’hydrogène liquide sous l’autre. Alex Kroll précisait que non seulement l’avion n’a connu aucun incident pendant son vol avec ce seul moteur à hydrogène, mais « tous les bruits provenaient du côté gauche », celui qui avait le moteur conventionnel.
L’hydrogène pourrait être l’avenir de l’aviation
Ce n’est pas le premier vol test à l’hydrogène. En 1988, des ingénieurs soviétiques avaient conçu et fait voler un Tupolev-155 avec un moteur équipé d’une batterie à hydrogène. Cependant, l’appareil n’avait pas tenté de voler avec ce seul moteur, ce qui fait du vol de ce Dash 8 une vraie première.
Paul Eremenko expliquait aussi que l’hydrogène, jusqu’à présent, reste la seule alternative viable pour l’industrie de l’avionique si elle veut pouvoir réduire ses émissions comme attendu dans l’Accord de Paris sur le climat. Le processus émet de la vapeur d’eau et de l’air chaud, et c’est tout. Ce qui pourrait permettre de réduire drastiquement les émissions carbone d’une industrie qui compte pour 2,5 % des émissions de CO2 mondiales.
Ce moteur apporte aussi quelque chose qu’il est impossible d’atteindre avec les techniques conventionnelles. « Une fois en vitesse de croisière, nous avons décéléré et volé presque exclusivement avec le moteur de droite. C’était silencieux », ajoutait Alex Kroll. Cette solution à l’hydrogène pourrait aussi réduire la pollution sonore autour des aéroports.
Les spécialistes de la santé ont déjà établi des liens entre les perturbations sonores des aéroports et une diminution des performances intellectuelles, de la qualité du sommeil et même une augmentation des maladies cardiovasculaires chez les habitants autour de ces installations. Paul Eremenko imagine un futur où l’aviation commerciale utiliserait cette technologie, avec des avions opérationnels dès 2030.
L’hydrogène intéresse aussi l’exploration spatiale
La NASA utilise l’hydrogène depuis des décennies pour ses fusées. Cependant, de nouvelles techniques de création du carburant émergent tout juste. SpaceX joue un rôle majeur, et en coordination avec une autre startup spécialisée, Green Hydrogen International (GHI), elle cherche à transformer la manière dont nous gérons les lancements de fusées.
GHI estime qu’elle peut créer et stocker environ 3 milliards de kilogrammes de carburant hydrogène vert par an. Bien plus important que l’usine la plus productive actuellement en opération – le complexe du Québec d’Air Liquide produit 300 000 kg par an -.
Voici en tous les cas une nouvelle très intéressante pour l’exploration spatiale comme pour le transport aérien. Le passage à l’hydrogène est plus intimidant pour les vols commerciaux que pour le secteur spatial, mais l’objectif de Paul Eremenko d’avoir des avions monocouloirs dans la prochaine décennie doit permettre d’aller plus loin. Ces avions comptent pour plus de 50 % de toutes les émissions commerciales.