C’est quoi les SMR, ces nouveaux réacteurs nucléaires compacts ?
Dans le cadre du plan "France 2030", des fonds doivent servir au développement de nouveaux réacteurs plus compacts et modulables.
Hier 12 octobre, le président de la République a présenté les axes de son plan “France 2030”, qui a pour but de développer la compétitivité industrielle française. Dans ce cadre, il a annoncé l’allocation d’un milliard d’euros au secteur de l’énergie nucléaire.
Plus précisément, il a évoqué la “technologie de rupture” que constitue le développement de small modular reactors (SMR). Il a ajouté que “L’objectif numéro un, c’est de faire émerger en France, d’ici 2030, des réacteurs nucléaires de petite taille innovants, avec une meilleure gestion des déchets”. Selon lui enfin, les SMR sont “beaucoup plus modulaires et beaucoup plus sûrs”, et “améliorer la sûreté en baissant les coûts” constituent des priorités.
Quels avantages avec les SMR ?
Ces installations sont moins puissantes que les centrales de dernière génération EPR, ne dépassant pas 300 mégawatts contre 1 000 pour les derniers. Mais alors, si elles sont moins puissantes, quels sont leurs avantages proclamés ?
Un modèle économique
D’après la Société française d’énergie nucléaire (SFEN), le coût d’un exemplaire ne dépasse pas 1 milliard d’euros. Certes, le nombre a de quoi faire froncer les sourcils, mais si on le rapproche de celui de l’EPR de Flamanville, qui a déjà coûté 20 milliards d’euros, sans compter les 10 ans de retard pris sa construction, la perpective est tout de suite différente.
Une facilité de production
Du fait de leur moindre taille, ils sont aussi plus faciles à produire et ils peuvent même l’être en série, au sein d’usines. Pas non plus sur le modèle d’une chaîne d’assemblage de voitures, mais vous avez l’idée. Ils sont ensuite facilement transportables vers leur lieu d’exploitation.
Un système plus sûr ?
Autre atout avancé : moins de puissance donc, mais les SMR ont besoin de quantités d’eau moindres pour être refroidis. De plus, des mécanismes de sûreté passifs leur permettent d’effectuer ce refroidissement sans qu’il soit besoin à l’homme d’intervenir dans ce processus.
De potentiels autres usages pour les SMR
Souple, le SMR peut aussi être attaché à d’autres fonctions. Citons par exemple le dessalement de l’eau de mer à destination de pays subissant un stress lié à l’eau, mais aussi pour la production d’hydrogène. Dernier exemple : la cogénération, qui consiste à la production simultanée et dans la même installation, donc, d’énergie thermique à flamme et d’énergie mécanique. La chaleur produite est utilisée pour le chauffage et la production d’eau chaude grâce à un échangeur. Quant à l’énergie mécanique, elle est transformée en énergie électrique par le biais d’un alternateur.
SMR, un retard français ?
Où en est notre pays à ce sujet ? Un projet nommé Nuward est bien dans les tuyaux et il associe TechnicAtome, EDF, Naval Group et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA).
Pas les plus petits noms du secteur donc, cependant la première unité Nuward n’est pas attendue avant l’horizon 2035, et le démonstrateur n’est pas encore prêt. La France est en retard, et ce retard est d’autant plus potentiellement dommageable que 70 autres projets de cette envergure sont prêts à éclore à l’échelle du globe.
En juillet 2021, l’agence d’Etat Chine Nouvelle annonçait la construction en Chine d’un SMR qui serait ainsi le premier au monde à entrer en service commercial. Si la durée de sa construction n’a pas été précisée, il était annoncé que cette centrale de 125 mégawatts serait en mesure d’alimenter en électricité quelque 526 000 foyers.