“Voisins vigilants” : dissuasion efficace ou dérive inquiétante ?
Inspiré du modèle anglo-saxon, le dispositif "voisins vigilants" existe en France depuis 2007. Un succès fulgurant qui peut inquiéter.
Depuis plusieurs années en France, fleurissent un peu partout des communautés de “voisins vigilants” ou de “participation citoyenne”. Ces français qui s’organisent entre eux pour prévenir les cambriolages sont de plus en plus nombreux à créer leur propre comité. Ce dispositif a pour modèle le “neighbourhood watch” anglo-saxon, ou littéralement “surveillance de quartier”. A ce détail près que normalement, aucune patrouille en France ne sillonne les quartiers.
Comment fonctionnent-ils ? Les “voisins vigilants” n’ont pas besoin du consentement de leur commune. De leur propre initiative, ils se réunissent et décident ainsi de créent un lien entre eux et la gendarmerie. Dès lors, même si rien n’est formellement défini, ils s’engagent à signaler toute chose qui leur semble anormale, comme un comportement ou des allées et venues suspects. Mais il peut simplement s’agir de relever le courrier de voisins en vacances.
Un dispositif encouragé par l’Etat en 2011, mais qu’il convient de surveiller
En 2011, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant publiait une circulaire à l’adresse de tous les préfets. Il leur était demandé de travailler sur la question avec le but d’“étendre le dispositif à tout le territoire, mais sans contrainte, en emportant l’adhésion de la population”. Aujourd’hui, les “voisins vigilants sont au nombre de 40.000, répartis dans quelque 3.000 communes, majoritairement en zone péri-urbaine et en campagne. Cependant, tout repose sur l’anonymat et les forces de l’ordre rappellent régulièrement qu’il n’est pas question que ce mouvement s’organise en milices, ou que les volontaires interviennent. Manuel Valls a récemment mis en garde contre toute dérive, toute tentation de l’autodéfense.