Viols en Centrafrique : et si l’armée française savait depuis mai 2014 ?
L'auteure du rapport de l'ONU sur les viols commis en Centrafrique par des soldats de l'armée française vient contredire les affirmations de cette dernière. Selon elle, le scandale était connu depuis mai 2014.
En avril 2015, le rapport de l’ONU faisant état d’abus sexuels sur des enfants de Centrafrique âgés de 9 à 13 ans provoquait l’indignation. Les faits, qui se seraient produits entre la fin 2013 et le printemps 2014 avaient fait dire au ministre de la Défense : “Si les faits sont avérés, je ne mesurerai pas ma colère, parce lorsque le soldat français est en mission, il est la France. Si, d’aventure, un seul d’entre eux a commis de tels actes, qu’il se dénonce immédiatement”.
Mais pour l’auteure du rapport, qui en a fait part à France Info, l’armée savait, et depuis mai 2014.
Ce que raconte l’auteure du rapport de l’ONU
Gallianne Palayret, tel est le nom de cette femme française, officier des Droits de l’homme en mission pour l’ONU. Pourquoi parle-t-elle aujourd’hui ? L’organisation internationale lui a donnée un statut qui la protège, celui de “lanceur d’alerte”.
Quand elle atterrit à Bangui, la capitale, une ONG l’interpelle sur de possibles abus sexuels sur 6 enfants en échange de nourriture. Elle contact l’état-major des forces françaises sur places : “Je leur ai indiqué les endroits où auraient été commis les faits (…) Je leur ai demandé de mettre plus de contrôles à ces endroits et en général d’être attentifs à ce qui se passait dans le camp et autour du camp (…) Ils m’ont prise très au sérieux, ils m’ont tout de suite dit qu’ils allaient informer Paris (…) Ils ont été très surpris, mais aussi très professionnels dans la réponse”.
Le ministère de la Défense n’a pas encore commenté
Ce qui est certain, c’est que Paris était au courant officiellement dès juillet 2014, l’ONU ayant fait part de son rapport d’enquête. La France ouvrait alors sa propre enquête préliminaire à l’issue de laquelle 14 soldats sont mis en cause, et 3 formellement identifiés. Pour l’heure, le ministère contacté par France Info n’a pas commenté ces dires.