Villejuif : internée contre son gré, une ex-anorexique poursuit un hôpital psychiatrique pour “traitements inhumains”
Une ex-anorexique vient de déposer un recours contre l'hôpital psychiatrique dans lequel elle avait internée de force il y a dix ans. Cette femme ayant aujourd'hui la trentaine dénonce les "traitements inhumains" qu'elle y aurait subis.
Il y a dix ans, Sabrina, jeune étudiante en marketing de 25 ans, était internée contre son gré à l’hôpital Paul-Guiraud de Villejuif. Une demande exprimée par son père qui ne supportait ainsi plus de voir sa fille subir les ravages de l’anorexie. Sabrina pesait alors plus ou moins 30 kg selon les jours.
Désormais âgée de 36 ans, Sabrina vient de déposer un recours contre l’établissement psychiatrique pour “traitements inhumains et dégradants”. Le Parisien rapporte le cadre de vie de la jeune femme depuis son entrée dans l’hôpital en juillet 2006. Placée dans une chambre double, elle ne témoigne pas d’apparents efforts pour regagner du poids, ce qui ne va pas être du goût du médecin remplaçant : “Il a dit pyjama et chambre d’observation d’un ton froid.”
Une ex-anorexique internée s’est “sentie tellement humiliée”
Des infirmiers emmènent alors Sabrina dans une petite chambre uniquement composée d’un lit et d’un pot. Elle y restera un an durant, n’en sortant que pour de rares occasions. Sabrina perd la notion du temps et s’attache à une poignée de détails : “Je me souviens des craquelures du plafond et des oiseaux à travers les barreaux. J’étais devenue un animal qu’on gave.”
Et si elle déplore d’incessants rapports de force tels ceux où cinq infirmiers s’efforçaient de l’attacher au lit avec des sangles (“J’avais encore arraché ma sonde. Je me suis sentie tellement humiliée”), Sabrina tient à faire la part des choses. D’abord au sujet de ses parents. Quand, à Noël, ces derniers sont venus lui rendre visite et se sont refusés à la reprendre malgré ses supplications, elle a fini par comprendre “qu’ils ne pensaient qu’à me sauver à tout prix”.
L’hôpital “pas au courant de ce recours”
Sabrina reconnaît de même que son hospitalisation était nécessaire pour lui permettre de retrouver un nouveau souffle. Pendant cette période, une soignante a entretenu en elle l’espoir d’une vie meilleure en lui offrant “une croix de vie égyptienne en argent”, pour répondre à son désir de visiter ce pays. Aujourd’hui assistante, Sabrina souligne au passage que “les soignants souffrent aussi”.
Sortie de l’hôpital après avoir atteint les 48 kg, la trentenaire, dont le deuxième livre paraîtra le mois prochain, déclare arriver “enfin à comprendre” ce qu’il lui est arrivé. L’hôpital Paul-Guiraud a depuis réagi à sa démarche entreprise contre l’établissement : “Nous ne sommes pas au courant de ce recours. Jusqu’à présent nous n’avions aucun contentieux avec cette patiente. C’est quelqu’un de très courageux.”