Turquie : 18 morts dans des affrontements entre police et manifestants pro-kurdes
18 des manifestants qui protestaient mardi contre la non-intervention turque à Kobané, en Syrie, sont morts dans des affrontements.
Le bilan des affrontements entre forces de police et manifestants pro-kurdes en Turquie s’est alourdi. On compte désormais 18 morts dans les heurts qui ont eu lieu hier à travers le pays. A l’origine des rassemblements, la colère kurde contre la non-intervention militaire turque dans la ville de Kobané, ville du Kurdistan syrien, que les Kurdes jugent “abandonnée à l’Etat islamique”.
Ces manifestations avaient lieu dans les plus grandes villes, Ankara et Istanbul en tête, mais principalement dans le sud-est avec entre autres Diyarbakir, dans laquelle on dénombre 8 morts selon une source policière. C’est lors des dispersions par la police turque que les morts sont intervenues. A la suite de ces heurts violents, cinq provinces majoritairement kurdes du sud-est ont instauré un couvre-feu.
Politique turque au regard de la Syrie : quel bilan ?
Kobané, ville syrienne sise le long de la frontière avec la Turquie, est proche de tomber aux mains de l’Etat islamique. La bataille de Kobané, comme on l’appelle désormais, implique depuis des semaines des milliers de militants kurdes dans un combat disproportionné. Ces derniers seront presque certainement écrasés par la puissance djihadiste.
Mais si la Turquie était intervenue en Syrie, qu’en serait-il été ? Massés face à la ville-martyr, les chars n’ont pas tiré une seule fois en direction de Kobané. Pourtant, l’armée turque est la deuxième force régionale alliée à l’OTAN. Comment expliquer cette passivité ? La Turquie du président Erdogan pourrait être embarrassée par une “enclave” kurde de son adversaire politique, le parti PKK. Erdogan n’a-t’il pas déclaré dernièrement que “le PKK ne vaut pas mieux que l’EI” ?
Depuis 30 ans, armée turque et PKK sont face à face. Les récents événements et morts laissés dans les rues du pays ne sont pas près de modifier la donne politique.