Sénégal : lorsque religion et politique enflamment la population
À une semaine du scrutin pour le premier tour de l'élection présidentielle, la situation au Sénégal se dégrade de plus en plus. Dimanche 19 février, une manifestation devant la mosquée de Dakar a dégénéré en affrontement contre les forces de l'ordre.
La candidature de l’actuel président Abdoulaye Wade avait déjà soulevé des foules, mais cette fois c’est la jeunesse Tidjane qui s’est rebellée contre la police. En effet, vendredi 17 février, un policier avait lancé une grenade dans une mosquée. Outrés par cette action non plus politique, mais religieuse, un millier d’adeptes de la confrérie Tidjane, l’une des plus grandes du pays, se sont rassemblés devant la mosquée afin de protester.
Si la manifestation a commencé dans le calme, tout a dégénéré lorsqu’un dignitaire, dont le nom n’a pas été révélé, proche du président Wade, s’est présenté devant l’assemblée Tidjane. Mais les manifestants n’ont pas apprécié ce geste, reprochant au président d’être « l’investigateur » de la profanation d’un lieu de culte. De plus, Abdoulaye Wade est également allié avec les Mourides, l’autre confrérie la plus répandue au Sénégal. Un fait qui rend l’amalgame politique/religion encore plus dangereux. La situation a donc rapidement basculé dans la violence, les manifestants ont jeté des pierres et des cocktails Molotov, les policiers eux étaient armés de fusils à balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes.
Depuis la validation de la candidature du président Wade pour un troisième mandat, cinq personnes ont trouvé la mort lors des manifestations contre les forces de l’ordre.