Sclérose en plaques : une thérapie agressive permet de la contenir
Une chimiothérapie très lourde a permis de contenir la sclérose en plaques chez 23 patients gravement atteints. Cependant, les complications possibles conduisent à prendre ces résultats avec prudence.
Depuis 15 ans, une équipe de médecins canadiens expérimente une thérapie lourde visant à lutter contre la sclérose en plaques (SEP). Cette maladie a pour origine un dérèglement du système immunitaire, les cellules sensées défendre le corps venant à attaquer cerveau et moelle épinière.
Cette technique agressive a été pratiquée sur 24 patients lourdement atteints, mais l’un d’entre eux est décédé suite à des complications.
SEP : un protocole très lourd
Dans cette expérience, que relaie la revue The Lancet, c’est une chimiothérapie qui intervient. Ici, le but est de détruire le système immunitaire défaillant; ensuite, une autogreffe de moelle osseuse permet de le régénérer, grâce aux nouvelles cellules immatures injectées dans le sang.
Les auteurs de cette recherche expliquent qu’il s’agit là du “premier traitement capable de produire ce niveau de contrôle de la maladie ou de récupération neurologique, mais les risques liés au traitement limitent son utilisation à grande échelle”.
Le prudence est de mise
Le neurologue Bruno Stankoff, qui travaille à l’hôpital Saint-Antoine, a confié à la lecture des résultats de ce traitement expérimental : “C’est une procédure qui nécessite plusieurs semaines d’hospitalisation et qui ne va pas sans effets secondaires. Elle peut engendrer des accidents toxiques ou infectieux mortels. Un patient est d’ailleurs décédé de complications hépatiques et infectieuses pendant l’étude”.
Par ailleurs, 21 des 24 patients du départ ont continué à être suivis dans les 3 années suivantes, et 13 pendant 13 ans. 70% des malades suivis sur 3 ans n’ont pas présenté de nouveaux symptômes de SEP. Ceux qui ont été suivis sur 13 ans n’ont pas eu de poussées, ni de nouvelles lésions neurologiques.
Le Pr Stankoff précise : “Il reste tout de même un tiers des sujets chez qui la progression a repris. Ce sont ceux qui avaient une forme de la maladie la moins inflammatoire et une forme plus progressive de la maladie (…) Il faut rester très prudent”.