Rosetta : non, l’eau de la comète Tchouri n’est pas la même que sur Terre
Les analyses de la sonde Rosetta viennent contredire l'origine communément admise de l'eau de nos océans.
Contrairement à ce que la communauté scientifique pensait, les comètes ne seraient pas la seule source d’eau ayant pacifiquement colonisé la Terre.
C’est ce que révèlent les premières analyses effectuées par le sonde Rosetta en mission aux côtés de Tchouri : l’eau du coeur des comètes est de composition différente de celle qui a formé nos océans. Ce sont les scientifiques responsables de l’appareil de mesure Rosina, le spectromètre de masse présent dans la sonde, qui ont fait cette annonce dans la revue Science en date du 10 décembre dernier.
Naissance des océans et Tchouri : une affaire d’eau lourde
Partons de la formule chimique de l’eau, que tout le monde connaît : H2O, soit 1 atome d’oxygène pour 2 d’hydrogène. Jusqu’ici, tout va bien. Là où l’affaire se corse, c’est que ces atomes peuvent être différents (les isotopes), et ainsi présenter une masse supérieure. Si l’un d’eux, muni d’un neutron supplémentaire, vient chiper le fauteuil d’un hydrogène de l’eau, celle-ci est dite “lourde”.
Le souci, c’est que sur Tchouri, la proportion de cette eau lourde est 3 fois supérieure à celle que l’on peut dénicher dans les océans terrestres, soit environ 9 atomes lourds pour 10.000 molécules H2O.
Rosetta : c’est le mythe de la création des océans qui s’effondre
Kathrin Altwegg, chargée de Rosina, a expliqué lors d’une téléconférence avec la revue Science : “Ce résultat écarte probablement l’hypothèse que les comètes ont apporté l’eau sur Terre. elle a pu arriver à la suite d’un bombardement d’astéroïdes plutôt que par des comètes”.
Nous voici donc contraints de changer notre regard sur les astéroïdes, dont le noyau est pourvu de moins de quantité de glace que les comètes. Ces objets célestes sont tombés sur notre planète quelque 800 millions d’années à la suite de la formation de notre système solaire. Changer notre regard donc, mais tout en gardant un œil sur les comètes car en 2011, les mesures effectuées sur Hartley-2, objet semblable à Tchouri, présentaient le même nombre d’isotopes que l’eau océanique terrestre. Cependant, il convient de mesurer ces résultats avec circonspection, ayant été réalisés à l’aide d’un “simple” télescope spatial.
Résultat #Rosetta : les comètes comme 67P n'ont pas amené l'eau de nos océans http://t.co/eZt5M4AacW pic.twitter.com/oKJPUElXsl
— CNES (@CNES) December 12, 2014