Rémunération des grands patrons : Macron brandit la menace de la loi
Les augmentations salariales de plusieurs grands patrons continuent de remuer les sphères sociale et politique. Bruno Le Maire et Emmanuel Macron proposent des solutions légales.
Fin avril, les actionnaires de Renault votaient en majorité contre le doublement du salaire de son patron, Carlos Ghosn. Une décision purement consultative; quelques heures plus tard, le Conseil d’administration validait cette hausse, lui accordant une rémunération de 7,2 millions d’euros et se prononçant contre les actionnaires. Il faut dire qu’en début de semaine, même Pierre Gattaz avait avoué sa “gêne” face à cette “procédure qui consiste à s’asseoir sur l’avis des actionnaires”.
Ce jour, c’est Olivier Brandicourt, patron de Sanofi, qui voyait la hausse de son salaire pour 2015 validée par le conseil d’administration du groupe. Face au tollé suscité par de telles augmentations, Emmanuel Macron (PS) et Bruno Le Maire ont leur idée.
Emmanuel Macron menace de légiférer
Mardi, le ministre de l’Economie intervenait à l’Assemblée nationale à l’occasion de la séance des questions. Pour lui, il conviendrait que “le conseil d’administration de Renault se réunisse à nouveau pour tirer les conséquences de ce vote”. Il a également appelé le patron de Renault à “prendre ses responsabilités dès à présent pour que, sur sa rémunération de 2016, les conséquences soient tirées de ce vote”.
Dans le cas contraire ? Emmanuel Macron fat planer la menace d’un plafonnement des salaires, ce qui est le cas pour les grandes entreprises publiques : “Lors du dernier conseil (d’administration de Renault), seuls les représentants des salariés et de l’Etat se sont prononcés contre. Nous devons en tirer les conséquences dans les prochaines semaines sans quoi nous serions conduits à légiférer”.
En revanche, Nathalie Kosciusko-Morizet a réagi sur France Inter mercredi et ne voit pas cette menace d’un bon oeil : “la loi n’est pas le bon chemin. On ne peut pas avoir un tel désaccord entre les actionnaires et le conseil d’administration” avant d’ajouter que “la solution est à chercher du côté de la gouvernance”.
Bruno Le Maire veut rendre “contraignantes” les décisions des AG d’actionnaires
Pour le candidat à la primaire à droite Bruno Le Maire, il s’agirait en matière de salaires de rendre “contraignantes” les décisions des assemblées générales d’actionnaires. “Quand une assemblée générale, comme ça s’est passé chez Renault, dit ‘non, ce salaire est excessif, ça n’est pas possible’, eh bien que le conseil d’administration soit obligé, de suivre l’indication de l’assemblée générale”. Exit donc la simple consultation, et bonjour la contrainte.