Rébellion indépendantiste touareg : le Mali sous pression
Malgré de multiples appels au cessez-le-feu, la situation dans le nord-est du Mali reste pour le moins préoccupante. L’armée malienne, qui combat l’insurrection des forces touaregs du MNLA, confirme des exécutions sommaires de militaires et de civils.
Le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, a déclaré ce lundi que l’offensive armée menée depuis la mi-janvier dans le nord du Mali par des rebelles touaregs aurait déjà été marquée par des dizaines d’exécutions sommaires de militaires et de civils. La nouvelle a été confirmée peu de temps après par Bamako. Les exactions auraient été commises à Aguelhok le 24 janvier. Au regard des méthodes utilisées, elles pourraient être le fait d’une alliance entre AQMI (Al Quaïda au Maghreb islamique) et les forces armées du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad).
Le 17 janvier, des hommes en armes appartenant au MNLA attaquent des cantonnements militaires de trois localités sahariennes au nord du Mali, violant ainsi les termes des accords de paix de 2009 signés entre les autorités politiques maliennes, et la rébellion touareg. Après près de trois ans de calme, cette reprise des combats vise, selon le chargé de communication du mouvement indépendantiste, « à se libérer du colonialisme malien, à lutter pour le droit de la population de l’Azawad au libre choix de son gouvernement, à l’autodétermination, et si elle le souhaite, à l’indépendance. »
Les actes de violence entrainent depuis la fuite de plusieurs milliers de Maliens du nord vers les pays limitrophes. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près de 30 000 personnes se seraient déjà exilées. Ils seraient environ 8000 réfugiés à s’être installés dans des campements de fortune au Burkina Faso, et 11000 en Mauritanie. Au Niger, les réfugiés ont indiqué aux équipes du HCR envoyées sur place que la ville d’Anderamboukane se serait totalement vidée de ses habitants après une attaque rebelle menée le 26 janvier. Ils auraient pris la fuite après que les forces du MNLA aient pillé et réduit en cendres les habitations, empoisonné les sources d’eau et volé le bétail.
Mouvement politique et militaire, le MNLA regroupe intellectuels et militants indépendantistes, guérilleros touaregs, et également d’anciens militaires de l’armée du colonel Kadhafi, qui ont fuit la Lybie lors des combats avec les force du CNT et de l’OTAN. Lourdement armés, ces derniers font craindre une offensive d’une violence sans précédent. D’autant qu’il est extrêmement difficile d’obtenir au quotidien des informations fiables sur l’évolution de la situation. L’armée malienne et le MNLA font en effet chacun état de lourdes pertes pour le camp opposé. C’est néanmoins la première fois qu’une possible connexion entre AQMI et le MNLA est envisagée. Paris affirme n’avoir cependant aucune indication quant aux liens qui pourrait unir les deux mouvements.
À deux mois et demi de la présidentielle malienne, la déstabilisation de la zone nord du pays va devenir un enjeu électoral important. Alors que le président actuel, Amadou Toumani Touré, devrait vraisemblablement quitter le pouvoir, tout porte à croire que l’insurrection indépendantiste pourrait venir ranimer la flamme patriotique de la population malienne. Plusieurs voix appellent depuis plusieurs jours à un strict respect du calendrier électoral. Parmi la population, de nombreuses voix dénoncent quant à elles le silence du gouvernement et des autorités, ainsi que la mollesse du pouvoir face aux rebelles touaregs.