Procès Bettencourt : les experts décrivent une femme très diminuée
A Bordeaux, le procès Bettencourt se poursuit. Aujourd'hui, des experts ont dressé le portrait de Liliane Bettencourt.
Dans le cadre du procès de l’affaire Bettencourt, concernant un éventuel abus de confiance sur l’héritière de l’Oréal, cinq experts médicaux ont été chargés d’examiner Liliane Bettencourt, âgée de 92 ans. Ce lundi matin, ils ont rendu leur avis au tribunal correctionnel de Bordeaux. Ils ont décrit le portrait d’une vieille dame, qui en 2011, était fortement handicapée par sa surdité et n’était pas en capacité de répondre à des questions simples telles que son âge ou son programme de la journée.
C’est le juge Jean-Michel Gentil qui avait demandé un examen de l’héritière. Cinq experts s’étaient donc rendus à son domicile le 7 juin 2011. Il s’agissait de deux neurologues, un médecin ORL, un psychologue, qui étaient placés sous la direction de Sophie Gromb, médecin légal.
A la barre, les médecins ont rendu compte des résultats de leurs entrevues avec la milliardaire, qui avait répondu à leurs questions en présence de son ex-infirmier Alain Thurin, chargé de lui répéter les questions “à l’oreille” en raison de sa surdité.
Neurologue, le Dr Sophie Auriocombe a fait état de la difficulté pour la vieille dame de comprendre une batterie de questions simples sur elle-même ou sa vie du moment. “Lorsque je lui demande quelle année nous sommes, elle a beaucoup de mal à comprendre ce que je veux lui dire“, a détaillé la spécialiste.
Liliane Bettencourt : la grande absente du procès
De la même façon, la neurologue a souligné l’incapacité de la vieille dame à lui répondre sur son âge. “Mais elle sait sa date de naissance” car les “informations sur-apprises sont connues“, a-t-elle relevé. Selon elle, Liliane Bettencourt est par ailleurs incapable de répéter trois mots qu’elle vient de lire ou de lui répondre sur son programme de la journée. “Elle ne retrouve pas la réunion (à la fondation Schueller-Bettencourt) à laquelle elle va participer“, a-t-elle ajouté.
Même difficulté devant le “test très simple de vocabulaire” proposé par le Dr Bruno Daunizeau, psychologue. “Elle n’a pas été capable de répondre à la moindre question“, a expliqué l’expert, relevant des réponses stéréotypées d’une “femme courtoise, très femme du monde“, telles que “oui, oui, je vois”, mais finalement “n’arrivant pas à répondre”.
Selon le Dr Jean-François Dartigues, neurologue, la discussion avec la milliardaire pouvait avoir une “certaine cohérence” quand les “questions venaient d’elle”. Un “vernis”, selon lui, en raison du niveau socio-culturel de la milliardaire. Un constat partagé par le Dr Daunizeau qui évoque “une attitude qu’elle a dû peaufiner tout au long de son existence” en raison de son statut de “fille unique promise à un avenir grandiose” dans un “univers tout à fait à part“.
Ces examens constituaient la première expertise médicale judiciaire réalisée auprès de l’héritière de L’Oréal. Dans leur rapport, les cinq praticiens, également chargés d’analyser l’ensemble de son dossier médical, avaient estimé que la vulnérabilité de la vieille dame remontait à septembre 2006, date retenue pour le début des abus de faiblesse pour lesquels dix hommes sont jugés jusqu’au 26 février à Bordeaux.
Aujourd’hui âgée de 92 ans et sous tutelle, Liliane Bettencourt est la grande absente du procès.