Présidentielles au Pérou : victoire étriquée de Pedro Pablo Kuczynski
Deux candidats de droite s'affrontaient au second tour des élections présidentielles du Pérou. C'est le candidat Pedro Pablo Kuczynski qui l'aurait finalement emporté de peu face à la candidate Keiko Fujimori.
Selon les résultats partiels donnés à 21h au Pérou, Pedro Pablo Kuczynski, surnommé PPK, est le nouveau président du Pays après un vote très serré. Le candidat de centre droit, ancien banquier de Wall Street, l’a emporté avec 50,58 % des votes face à l’ultra-libérale Keiko Fujimori, fille de l’ancien président du Pérou désormais en prison. Il faudra cependant attendre demain pour avoir les résultats définitifs tant le vote a été serré.
Vers une libéralisation de l’économie péruvienne
La campagne de PPK a beaucoup été orientée sur l’insécurité qui règne au Pérou ainsi que la corruption, véritable fléau de ce pays d’Amérique du sud. Mais l’ancien banquier de Wall Street avait aussi beaucoup misé sur son programme économique, moquant la jeunesse et l’inexpérience de sa rivale. Le Pérou, comme la majorité des pays d’Amérique du sud, est frappé par une décélération importante de la croissance de son économie.
Ce pays très pauvre mais aussi très riche dans son sous-sol a notamment souffert de la chute du prix des matières premières minières et du pétrole. La hausse du dollar américain a aussi affecté son économie. En ancien banquier de Wall Street, PPK, qui a renoncé à sa nationalité des Etats-Unis, devrait cependant ouvrir grand les portes aux investisseurs étrangers et, selon ses détracteurs, vendre les richesses du Pérou aux multinationales étrangères.
Un vote contre Keiko
Beaucoup de péruviens avouent avoir non pas voté pour PPK mais avoir voté contre Keiko Fujimori. La candidate est particulièrement controversée. Son père, Alberto Fujimori, fut président du Pérou entre les années 1990 et 2000. Sa présidence a été marquée par la fin de la guerre civile qui a ensanglanté le Pérou mais aussi la corruption. Sa fille, Keiko, avait indiqué qu’en cas de victoire à la présidentielle, elle ferait amnistier son père condamné à 25 ans de prison pour corruption et violation des droits de l’homme.
Julieta, une péruvienne de 40 ans, indiquait à la sortie du centre de vote : “Je n’aime pas la politique de PPK mais j’ai voté contre Keiko car elle n’a aucune expérience professionnelle, est issue d’une famille notoirement connue pour être très corrompue et qui a pour intention politique d’ultra-libéraliser le pays“.
Le Pérou prend un virage à droite
Après 5 années de présidence d’Ollanta Umala, le Pérou a pris un virage à droite en choisissant Pedro Pablo Kuczynski. La présidence d’Ollanta Umala a particulièrement déçu les péruviens qui attendaient une politique sociale de la part de l’ancien militaire. Son mandat a été notablement marqué par l’inaction et la place importante qu’à pris la première dame, beaucoup de péruviens moquant leur président en disant que c’est sa femme qui gérait les affaires.
Avant de quitter ses fonctions, Ollanta Umala a cependant fait un joli cadeau aux travailleurs péruviens en augmentant de 750 soles à 850 soles le salaire de base soit environ désormais 200 euros.
Des manipulations de la CIA ?
Beaucoup de péruviens dénoncent cependant les activités de la CIA en Amérique du sud. De nombreux sympathisants de la gauche, éliminée dès le premier tour des élections présidentielles, dénoncent la mainmise de Washington et de la CIA sur l’Amérique du sud.
Ils expliquent par exemple que l’agence américaine a tout fait pour renverser les gouvernements de gauche d’Argentine, du Brésil mais aussi du Venezuela, de Bolivie ou encore d’Equateur. Pour eux, la CIA finance des groupes pro-USA mais aussi les principaux médias et n’hésitent pas à utiliser la justice afin de perturber les politiciens qui ne sont pas à la botte de Washington et de Wall Street.
A noter qu’au Pérou le vote est obligatoire. En cas de manquement à son devoir électoral, les citoyen en âge de voter doivent s’acquitter d’une amende. Afin que les esprits soient bien clairs au moment de déposer un bulletin dans l’urne, une loi (ley seca) interdit la vente et la consommation d’alcool la veille et le jour des élections.