Pédophilie : l’affaire Preynat vue de l’intérieur dans un livre
La journaliste Isabelle de Gaulmyn s'apprête un publier un livre, "Histoire d'un silence", dans lequel elle revient sur l'affaire Preynat, soit ce prêtre mis en cause dans plusieurs faits de pédophilie.
Journaliste, Isabelle de Gaulmyn est également croyante et membre d’une famille issue de la commune de Sainte-Foy-lès-Lyon (Lyon). Soit celle à laquelle appartient la paroisse Saint-Luc, où le père Preynat a officié une vingtaine d’années durant. Jeudi, Isabelle publie Histoire d’un silence aux éditions du Seuil, dans lequel elle raconte sa vision de l’affaire ayant mis en cause le prêtre dans des affaires de pédophilie.
Celle qui est désormais rédactrice en chef du journal La Croix a expliqué au Point comment s’est établie sa proximité avec le père Preynat : “Je suis née à Sainte-Foy-lès-Lyon, et j’ai été scoute – comme mes trois frères – pendant quatre ans, à la fin des années 70, dans la troupe de Saint-Luc, dont le père Preynat était l’aumônier. Il avait beaucoup de charisme. C’était un prêtre classique, super organisateur, plutôt autoritaire, mais fort apprécié des parents, qu’il arrivait très bien à mobiliser.”
Père Preynat accusé de pédophilie : “Tout le monde le savait”
Pour l’auteur du livre à paraître demain, l’implication du prêtre dans des faits de pédophilie relevait déjà alors du secret de polichinelle : “Tout le monde le savait, même de manière implicite. C’est pourquoi je suis convaincue d’une culpabilité collective sur cette affaire. Quand un prêtre me l’a avoué, en 2005, cela n’a pas surpris la petite fille qui est en moi. Je me suis souvenue que le père Preynat n’aimait pas les filles. On se le disait entre nous : ‘Il nous fiche une paix royale, car il est toujours fourré avec les garçons.'”
“67 plaintes en justice” et “toujours prêtre”
La journaliste reconnaît d’ailleurs faire partie de ce cercle qui n’ignorait pas les agissements de l’aumônier : “Je savais, c’est exact. Et j’ai éprouvé aussi un sentiment de culpabilité, qui m’a incité à démarrer cette enquête. […] Pourquoi la journaliste catholique que je suis n’a-t-elle pas mieux réagi ? Parce que, comme pour beaucoup de monde, tant qu’on n’y est pas directement confronté, la pédophilie est quelque chose de théorique. Tant qu’on n’a pas écouté les victimes, on ne comprend pas bien. Et chez nous, catholiques, il y a aussi peut-être une forme de docilité ou de répugnance à critiquer l’Église.”
Sans l’indiquer de manière explicite, Isabelle de Gaulmyn semble espérer que son ouvrage conduise à mettre un terme à cette affaire par une condamnation du père Preynat : “Voilà un prêtre qui a agressé une centaine d’enfants et qui est l’objet de 67 plaintes en justice. Et il est toujours prêtre à Lyon. Et il continue à vouloir retarder le procès. Qui paie l’avocat ? Qui paie son salaire ? C’est scandaleux.”