“Nulle part en France” de Yolande Moreau : “J’ai eu envie qu’on s’identifie à un migrant”
Avec sa série documentaire "Nulle part en France", la réalisatrice Yolande Morceau confie avoir "eu envie qu'on s'identifie à un migrant", même si elle avoue s'être quelque peu éparpillée en début de projet.
En ce samedi à 18h35, Arte diffusera, dans le cadre de son programme Réfugiés, une série documentaire de Yolande Moreau intitulée Nulle part en France. Une rencontre de la réalisatrice avec des migrants établis à Calais et à Grande-Synthe.
Ce projet a pourtant eu quelques difficultés à démarrer. Pour commencer, Yolande Moreau apparaissait de prime abord quelque peu mal à l’aise de filmer ces camps, animée par “la peur de faire irruption avec la caméra”. Elle ne se voyait également pas comme la plus à même de délivrer le meilleur documentaire qui soit sur le sujet : “il y a un tas de gens qui font ça très bien”. D’autant plus qu’avant Réfugiés, Yolande Moreau n’avait jamais tourné de documentaire ni le moindre reportage.
Migrants : le documentaire de Yolande Moreau, pas “un truc ‘artistique”
Et d’avoir confié à nos confrères de L’Obs avoir finalement trouvé sa façon à elle de présenter la situation des migrants : “Mon moyen d’expression, c’est de faire des films, de raconter les gens. Je me suis dit : ‘Restons humbles avec ce qu’on te propose.'” “Au départ, moi je voulais pas faire un film ‘artistique’, ça n’a pas de sens. Ça n’a pas de sens. J’ai envie qu’on soit touché.”
Une envie qui se sera traduite, en début de tournage, par un nombre conséquent d’images capturées. Possiblement trop aux yeux de la réalisatrice : “J’ai vite réalisé qu’il fallait que je me recentre. Et puis ce n’est pas ce qu’on attendait de moi. Finalement, j’ai eu envie qu’on s’identifie à un migrant. Ces gens sont tellement proches de nous. Je voudrais qu’on cesse d’avoir peur.”
“La peur c’est insupportable”
Une peur que Yolande Moreau semble davantage voir dans le rapport aux migrants que dans les migrants eux-mêmes : “Un jour, j’ai croisé un couple de Calaisiens qui promenait leur chien, avec un flingue. C’est eux qui m’ont fait peur.” Rappelons qu’elle avait apporté sa signature à l’appel de 800 personnalités de tous bords sur le sort des migrants de Calais.