Nigeria : l’armée passible de crimes de guerre
Un rapport publié ce mercredi 3 juin par Amnesty International met en cause des hauts-gradés de l'armée nigériane, coupables de terribles exactions à l'encontre de population civile.
On peut dire que ce rapport, intitulé Des étoiles sur les épaules, du sang sur les mains tombe au plus mal pour le Nigeria, qui tente de reprendre son souffle.
Alors que le Président nigérian Muhammadu Buhari a promis vendredi dernier, lors de son discours d’investiture, d’intensifier la lutte de son pays contre les islamistes de Boko Haram, plusieurs hauts-gradés seraient impliqués, selon Amnesty International, dans des exactions à l’encontre de populations civiles. Des actes, s’ils sont reconnus, passibles d’une accusation de crime de guerre.
Selon ce rapport, plus de 7.000 jeunes hommes et garçons seraient morts dans des camps de détention militaires depuis 2011, et, plus de 1.200 auraient été exécutés de façon arbitraire et inhumaine depuis février 2012 : assassinat par la soif, la faim, la torture, l’asphyxie… Ces derniers auraient qui plus est été arrêtés lors de véritables rafles, car soupçonnés d’appartenir à au groupe armé Boko Haram.
Un rapport sur la base d’entretiens
Le rapport , qui s’étale sur 133 pages, a été réalisé sur la base d’entretiens notamment menés auprès des membres des forces armées nigérianes. L’organisation de défense des droits de l’Homme a également indiqué avoir eu accès à des documents du ministère de la Défense nigérian.
Amnesty International a ainsi appelé de nouveau la CPI à lancer des poursuites pour crimes de guerre contre des hauts gradés de l’armée nigériane impliqués dans la lutte contre Boko Haram, estimant avoir cette fois-ci réuni assez de preuves.
Le Président du Nigeria promet d’étudier le rapport
Le porte-parole de l’armée nigériane, Chris Olukolade, a aussitôt accusé l’ONG par voie de communiqué, de vouloir servir des intérêts politiques avec ce rapport “partisan et inventé”.
Le président du Nigeria a pour sa part promis d’examiner le-dit rapport. “Je vous assure qu’on examinera le rapport (…) Ce gouvernement ne ménagera pas sa peine pour promouvoir l’État de droit et s’occuper de tous les cas de violations des droits de l’homme”, a-t-il indiqué par voie.