Nigeria : Boko Harma au coeur de la campagne présidentielle
A quelques jours des élections au Nigéria , le président sortant Goodluck Jonathan vante les récentes victoires de l'armée contre Boko Haram
Alors que l’élection présidentielle du Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, initialement prévu en février, se déroulera finalement samedi 28 mars, d’importantes victoires ont été emportées au nord-est du pays face à Boko Haram.
Longtemps critiqué pour son inefficacité face au groupe islamiste, le président sortant Goodluck Jonathan tente à présent de faire valoir cette avancée pour redorer son blason.
Nigéria : un scrutin serré
Le scrutin s’annonce comme le plus serré depuis le retour du pays à la démocratie, en 1999.
Fin janvier, un sondage mettait Goodluck Jonathan et l’ancien général Muhamadu Buhari, son principal adversaire, au coude-à-coude autour de 42 % des suffrages. Pour la première fois donc, le Parti démocratique populaire (PDP) pourrait ainsi perdre le pouvoir.
Il reste cependant fort probable que les récents succès emportés face au groupe islamiste n’aient que peu d’impact sur les résultats du scrutin. L’offensive armée n’intervient en effet que très tardivement, après deux ans d’un certain laisser-faire de la part du Président. Il aura en effet fallu de nombreux mois pour que ce dernier accepte l’intervention de contingents voisins, qui semblent pourtant avoir été décisifs ces dernières semaines.
Une élection sécurisée?
La question de la sécurité de ce scrutin reste cependant très inquiétante. Tandis que la commission électorale estime que l’élection pourra se tenir de manière libre, démocratique, transparente et en toute sécurité, d’importants risques d’attentats sont envisageables. Dans de nombreux endroits de l’Etat de Borno -berceau historique de Boko Haram- la situation reste jusqu’ici extrêmement préoccupante. Les islamistes pourraient notamment chercher à envoyer des kamikazes se faire exploser dans des lieux publics pour causer un maximum de dégât humain, les bureaux de vote devenant ainsi une cible privilégiée.
Grâce à l’intervention des troupes tchadiennes et dans une moindre mesure, camerounaises, trente-six localités ont jusqu’ici été reprises aux mains de Boko Haram dans l’Etat de Borno, et les islamistes ont été chassés des Etats d’Adamawa et de Yobe. La présidence nigériane répète ainsi à l’envi que la secte sera décimée d’ici “très peu de temps”. Pour certains observateurs en revanche, la victoire sera sans aucun doute beaucoup plus difficile à obtenir. L’allégeance récente de Boko Haram à l’Etat Islamique pourrait en effet donner un nouveau souffle à la secte, malgré les nombreux revers qu’elle a pu subir dernièrement.