Natalité en France : une baisse ne résultant pas de la crise et du chômage
Entre 2014 et 2016, le nombre de naissances a chuté de 4,5% en France. Une baisse qui ne s'explique pas uniquement par un chômage plus présent et la crise économique.
Depuis plusieurs années, les femmes sont moins nombreuses à donner la vie en France. Il apparaît en effet qu’entre 2014 et 2016, le taux de natalité a baissé de 4,5%. Un chiffre non négligeable et qui, pour le chercheur à l’Ined (Institut national d’études démographiques) Gilles Pison, s’explique de plusieurs façons.
Auprès de La Croix, il affirme ainsi qu‘”en France métropolitaine, entre 2014 et 2016, le nombre de femmes en âge d’avoir des enfants a reculé de 1 % et leur nombre moyen d’enfants – ou indicateur conjoncturel de fécondité – de 4 % : il est passé de 1,97 à 1,89. Ces deux facteurs réunis ont entraîné une chute de 5 % du nombre total de naissances.”
Crise et chômage : des effets sur la fécondité, non la natalité
Pour le chercheur, cette chute n’a “rien à voir avec la crise économique et la montée du chômage depuis 2008, contrairement aux comportements de fécondité, qui peuvent être sensibles à leurs effets.” Et d’affirmer plutôt la raison suivante : “Le nombre de femmes en âge d’avoir des enfants aujourd’hui résulte d’une évolution de la natalité remontant à une trentaine d’années.”
M. Pison reconnaît néanmoins que “la baisse du nombre moyen d’enfants est, elle, bien liée à l’incertitude suscitée par la crise économique et la montée du chômage. Elle était d’ailleurs attendue depuis plusieurs années par les analystes.”
La France championne d’Europe en 2015
“Malgré la baisse récente, la France reste le pays de l’Union européenne où la fécondité est la plus élevée en 2015, avec l’Irlande”, tempère le chercheur pour qui l’avenir à ce sujet reste relativement incertain : “la crise ne réduit pas les naissances, elle les retarde. S’il en est de même avec la crise actuelle, la diminution du chômage, si elle se confirmait, devrait être suivie d’un arrêt de la baisse de la fécondité, voire de sa remontée. En revanche, si la diminution de la fécondité est pour partie une tendance nouvelle qui n’est pas liée à la conjoncture économique, la sortie de crise pourrait ne pas se traduire par une remontée de l’indicateur.”