Mort de Rémi Fraisse : « Il est décédé le mec là… Faut pas qu’ils le sachent »
Les documents publiés par Le Monde montrent que les gendarmes connaissaient dès le début leur degré d'implication dans la mort du militant.
Mercredi, Le Monde et Mediapart publiaient des documents allant à l’encontre des déclarations officielles, concernant la mort du militant de 21 ans Rémi Fraisse lors de heurts avec la police, sur le site du barrage de Sivens.
Un PV d’audition des gendarmes présents ce 26 octobre prouve que les militaires savaient leur degré d’implication dans le décès, l’un d’eux filmant les violences. On entend, à 1h53 cette nuit-là, un gendarme ordonner de “stopper les F4” (les F4 sont des grenades offensives). Puis : “Il est là-bas le mec. OK, pour l’instant, on le laisse”. Un autre rassure : “C’est bon, il va se relever !”. Mais 7 minutes plus tard, une unité part à la recherche du corps.
A 2h03, le ton change : “Il est décédé le mec ! Là c’est vachement grave… Faut pas qu’ils le sachent”, dit alors un gendarme en mentionnant les autres manifestants présents sur le site.
Mort de Rémi Fraisse : les gendarmes bientôt convoqués par la justice
Selon RTL, les juges toulousains en charge de l’enquête seraient sur le point de convoquer les gendarmes qui ont encadré le service d’ordre de la manifestation du 25 octobre. Il s’agirait alors de savoir si Rémi Fraisse était personnellement visé par la grenade qui lui a coûté la vie, et comment son corps a été récupéré. Le commandant du groupement de gendarmes mobiles de Limoges avait assuré sur le procès-verbal que le Préfet du Tarn avait demandé “une extrême fermeté”.
Suite à la révélation de ces documents, le ministre de l’Intérieur a indiqué jeudi avoir donné “des instructions contraires”. A l’antenne de France Inter, il ajoute : “Je vais rendre publiques dans les heures qui viennent des dispositions concernant l’utilisation d’un certain nombre de munitions qui ont été utilisées à Sivens”.
Pour sa part, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a promis “une transparence totale”.