Michel Houellebecq a-t-il envisagé d’appeler à voter Marine Le Pen ?
D'après le traducteur et ami de l'écrivain, ce dernier aurait évoqué son envie d'appeler à voter en faveur de Marine Le Pen. Une confidence qu'il relate dans son livre, Mémoires d'outre-France.
Gavin Bowd est un universitaire écossais, mais aussi le traducteur et ami de Michel Houellebecq. Dans son livre Mémoires d’outre-France (éditions des Equateurs), il relate une soirée passée avec l’écrivain à Paris en 2013.
Pendant celle-ci, il évoque le souhait de son ami d’appeler à voter Marine Le Pen, sur fond de rejet de l’Islam.
Houellebecq, l’appel à “la guerre civile” ?
C’est L’Obs qui publie jeudi quelques extraits de l’ouvrage de Gavin Bowd. La soirée se déroule donc il y a 3 ans “dans un appartement des Olympiades” à Paris. Entre un “ragoût d’agneau cuisiné maison” et “une livraison de fruits de mer”, l’écrivain qui est à son domicile évoque dans un premier temps “sa première obsession”, le Prix Nobel de littérature.
Alors que l’alcool “coule à flots”, l’auteur des Particules élémentaires aurait lancé : “Je vais donner une interview où j’appellerai à une guerre civile pour éliminer l’islam de France. Je vais appeler à voter pour Marine Le Pen !”.
L’islam, “sa deuxième obsession”
Une jeune femme présente dans cet appartement du 13ème arrondissement rétorque : “Mais tous tes amis sont des gauchos bobos qui votent Mélenchon. Tu n’auras jamais le Nobel avec des propos pareils !”. Ce à quoi l’auteur de Soumission, qui narrait l’accession au pouvoir d’un parti islamiste en 2022, aurait répondu en nuançant : “Le Front national n’est pas un parti d’extrême droite. Ce n’est pas Drumont. Ce n’est pas Daudet…”.
Il y a un an, Michel Houellebecq répondait à nos confrères du Guardian outre-Manche qui l’interrogeaient au sujet d’un possible sentiment islamophobique de sa part : “Probablement, oui, mais ‘phobie’ signifie ‘peur’ plutôt que ‘haine'”. Il précisait alors qu’il parlait d’une peur du terrorisme.
Les phrases rapportées par Gavin Bowd sont-elles liées à une provocation ou ou de l’humour ? Toujours est-il que l’universitaire, qui dit l’avoir “découvert grâce au Parti communiste français” il y a une vingtaine d’années, se demandait en quittant l’appartement de son ami : “Comment sommes-nous passés du communisme au Front national, de la lutte contre le capitalisme à celle contre l’islam, à ce délire idéologique alimenté par l’absinthe ?”.