Macky Sall appelle les Sénégalais à rester mobilisés
Macky Sall affrontera donc Abdoulaye Wade lors du second tour de l'élection présidentielle sénégalaise. Promettant un gouvernement d'ouverture, il espère obtenir le soutien des autres partis de l'opposition.
Les résultats provisoires du premier tour sont tombés le 26 février. En tête du scrutin, Abdoulaye Wade, le président sortant, qui, avec 942 546 voix, obtient 34,82% des suffrages exprimés. Face à lui, Macky Sall, son ancien premier ministre, qui lui atteint 26,57 % des votes avec 719 369 voix. Ces chiffres, annoncés par le président de la Commission nationale de recensement des votes (CNRV), Demba Kandji, ne seront considérés définitifs qu’après l’examen d’éventuels recours devant le Conseil constitutionnel.
« Parachever le processus pour une nouvelle alternance démocratique »
Pour l’heure, les tractations de l’entre deux tours s’organisent. L’opposant au chef de l’état a d’ores et déjà donné sa première conférence de presse dimanche 26 février. Macky Sall a ainsi demandé aux Sénégalais de « maintenir le cap de la mobilisation » et de « parachever le processus pour une nouvelle alternance démocratique ». Il a en outre appelé les citoyens à la vigilance : « nous ne sommes pas pour autant à l’abri de la confiscation de la volonté populaire ».
Macky Sall en a profité pour détailler certaines des mesures qu’il mettrait en place s’il était élu. Parmi elles, la « réduction des prix des produits de première nécessité » comme le riz et l’huile, ou encore l’instauration d’une « couverture maladie pour tous les Sénégalais » afin de « mettre fin à la misère sociale ». Autre cheval de bataille : la lutte contre la corruption. Toutefois, pas question de lancer une « chasse aux sorcières » souligne-t-il, « je n’ai aucune revanche à prendre sur qui que ce soit ». Par ailleurs, sur le plan institutionnel, l’homme compte réduire le mandat présidentiel à cinq ans, contre sept ans actuellement, et ne le rendre renouvelable qu’une fois.
Un deuxième tour qui sonne comme une revanche de Sall sur son ex-mentor
Ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade, Macky Sall était entré dans les hautes sphères de l’État à une vitesse fulgurante. Ingénieur en géologie, il intègre le Parti Démocrate Sénégalais (PDS) fondé par Wade dans les années 80. D’abord responsable local, il devient dans les années suivantes ministre des mines, de l’énergie et de l’hydraulique puis ministre de l’Intérieur et enfin Premier ministre en 2004. C’est lui qui dirigera la campagne du président sortant en 2007. Dans la foulée, il est même élu président de l’Assemblée Nationale. Un prestige de courte durée. Il est évincé de son poste de numéro 2 du PDS après avoir voulu entendre le fils et conseiller du président sur sa gestion de certaines affaires publiques. Macky Sall décide alors de créer son propre parti : l’Alliance Pour la République (APR).
Le candidat des anti-Wade
Aujourd’hui, Macky Sall se présente comme le candidat de la rupture. Contrairement à ses concurrents, voilà deux ans qu’il sillonne le pays et va à la rencontre de la population. C’est d’ailleurs le seul candidat qui parle les trois langues importantes du Sénégal. Et tandis qu’il devrait capitaliser les voix de la majorité des autres partis d’opposition, tous membres du Mouvement du 23 juin (M23, coalition de partis d’opposition et d’organisations de la société civile), Wade ne dispose pas réellement de réserves de voix. Il n’a guère d’autre choix que de compter sur les quelques 48% d’abstentionnistes du premier tour (un chiffre en nette augmentation par rapport aux 30% de la présidentielle de 2007).
A l’heure où le « Tout sauf Wade » semble l’emporter sur le reste, les autres candidats restent néanmoins prudents : « Nous discuterons avec Macky Sall mais nous défendrons notre programme » tempère un soutien de Moustapha Niasse, candidat de la coalition Bennoo Siggil Sénégal, également ancien premier ministre de Wade et arrivé troisième à l’issue du premier tour (13,20%). « Il n’y aura pas de soutien gratuit, de carte blanche, je peux vous l’assurer. Nous essaierons de tomber d’accord pour ce qui est le meilleur pour le pays, et pour faire front face à Wade » poursuit-il. Le second tour de la présidentielle devrait probablement se tenir le 18 mars prochain.