La loi des Seigneurs : le livre qui retrace l’histoire de l’affaire Uderzo (Interview)
A l’occasion de la parution du livre qui retrace l’histoire de l’affaire Uderzo, l’auteur Bernard de Choisy, répond à nos questions.
Le document relate la réalité d’un dossier judiciaire complexe sous la forme d’un carnet de bord de deux irréductibles : Sylvie Uderzo et son mari. Le livre est disponible aux éditions Michalon.
24matins.fr : Pourquoi écrire un livre sur l’affaire Uderzo ? On a déjà l’impression de tout savoir, non ?
Bernard de Choisy : Justement, non ! La véritable histoire était à raconter. C’est une histoire à la fois incroyable et sidérante. C’est une grande affaire de manipulation de l’opinion.
Un complot ?
Non, plutôt des réseaux d’influence très puissants qui permettent à certaines élites d’imposer leur vérité, c’est ce que j’ai appelé la loi des seigneurs. Un exemple ? Lorsqu’un expert-comptable, proche de mon beau-père, dit des mensonges aux policiers lors de son audition, logiquement, nous le poursuivons pour faux témoignage. Il est alors réentendu par la police.
Cette fois, prudemment, il se déjuge sur quasiment tout ce qu’il avait dit. Est-il poursuivi ? Est-il inquiété ? Pas le moins du monde ! Le parquet de Nanterre, estimant qu’il ne s’agit que d’erreurs matérielles, souhaite classer l’affaire sans suite… Vous trouvez ça normal ? »
Vous mettez en cause la justice ?
Pas LA justice, certains magistrats, seulement ! Pourquoi ? Parce que ce faux témoignage est capital. C’est là-dessus que l’entourage de mon beau-père s’est appuyé pour justifier le fait qu’Albert Uderzo n’est pas en situation de faiblesse. C’est précisément ce que la justice a retenu. C’est donc très grave. »
Dans votre livre, vous avez affublé l’entourage d’Uderzo de surnoms assez amusants, pourquoi ?
Nageant dans l’univers de la bande dessinée, j’ai pensé que cela désamorcerait certaines situations pathétiques. Il y a de sacrés pieds nickelés dans l’affaire !
N’êtes-vous pas inquiet de ce que l’on peut dire de vous ? Vous n’êtes que le gendre !
Gendre ! Vous savez, c’est d’abord la conséquence d’une rencontre. On devient un jour « gendre », parce qu’on a été, d’abord, amoureux de quelqu’un. Là, il se trouve que le beau-père est un géant de la BD. Comme vous le voyez, ça n’est pas simple. Mon combat est de défendre ma femme, face à la violence que lui impose un quarteron d’avocats et de prédateurs sans scrupule.
Vous n’avez pas peur en citant autant de personnalités importantes de subir des menaces, voire plus ?
La question que je me suis posé est : ai-je envie de vivre dans une société du mensonge ? Là, je suis au cœur d’une vaste affaire de trafic d’influences, de corruption, d’escroquerie, d’abus de confiance. Me taire était impossible. Ce à quoi nous faisons face n’est plus de la justice, mais de la mise en scène ! »
Comment êtes-vous entré dans l’univers d’Uderzo ?
En 1990, j’ai une jeune agence de communication. Nous avions gagné le budget d’un gros salon de BD à Grenoble. Pour créer de la notoriété à ce nouveau salon, j’avais eu l’idée de proposer une page dédiée à l’univers de la Bd au journal VSD, dont la formule était sensiblement différente de celle d’aujourd’hui. Pour inaugurer cette page, nous avions choisi deux parrains : Moebius pour la BD réaliste et Uderzo pour la BD d’humour. Un choix d’amateur de BD.
Quelques mois plus tard, les Éditions Albert René, la maison d’Uderzo, a lancé un appel d’offres auprès de quatre agences, dont la mienne, pour la communication du nouvel album, La rose et le glaive. Nous avons remporté la mission… Et tout a commencé.
Quel message adressez-vous à Albert Uderzo avec votre livre ?
Albert, tu as été trompé par une équipe de professionnels. Tu nous as trahi. Mais, si tu ouvres les yeux, nous tournerons la page. Tu peux changer le cours de l’histoire. Car aujourd’hui, c’est toi la véritable victime de tout cela. Tu as vendu ta société, tu as perdu Astérix et tu n’as plus de famille. Il faut arrêter ce désastre !