Les Etats-Unis face aux dérives racistes de sa justice
La cour suprême des Etats-Unis devra étudier l'ancien dossier d'un homme noir condamné à mort. Des preuves accablantes montrent en effet que le jury a été délibérément choisi sur des critères racistes.
La cour suprême des Etats-Unis doit statuer sur une affaire de justice aux relents racistes qui date de près de 30 ans et qui avait vu un homme noir et handicapé mental condamné à mort par un jury composé uniquement de personnes blanches et non opposés à la peine de mort.
Le racisme latent qui gangrène la police et la justice américaine
Cette affaire avait été jugée en 1987, il y a près de 30 ans. Timothy Foster, alors un jeune homme souffrant d’un handicap mental, est accusé et condamné à mort pour le meurtre d’une femme blanche. Cependant, des documents qui montrent clairement que le choix du jury était entièrement orienté sur des critères racistes afin de faire condamner à mort le suspect viennent de sortir à la lumière.
Des documents de l’époque, restés des années durant secrets, mais qui sont finalement parvenus aux avocats de la défense, montrent de façon accablante comment le juge et le procureur ont choisi un jury composé de blancs et n’étant pas hostiles à la peine de mort.
Des jurés récusés car noirs ou opposés à la peine de mort
Les documents indiquent que les jurés tirés au sort voyaient leur fiche estampillée d’un “B” pour “black” si ceux-ci étaient noirs. Une autre liste, rédigée elle par le procureur, indique cinq personnes que le magistrat ne souhaitait sous aucun prétexte. Dans cette liste rédigée par le procureur figurent 5 noms de personnes noires et un autre nom d’une personne blanche mais opposée à la peine de mort.
Finalement, le juge a récusé tous les jurés noirs ainsi que l’homme blanc opposé à la peine de mort. Timothy Foster, alors jeune noir et handicapé mental avait été condamné à mort et il attend toujours dans les couloirs de la mort. Cette affaire met en lumière une pratique qui a malheureusement encore trop souvent cours aux Etats-Unis. Selon Christina Swarns, une experte en questions judiciaires du plus important organisme de défense des noirs : “le problème n’a pas disparu et il ne se cantonne pas au Sud profond“, avant d’ajouter : “dans la plupart des cas, un procureur ayant recours à la discrimination pour la sélection d’un jury n’encourt aucune sanction“.