Le génocide rwandais aux assises de Paris
Le procès de Pascal Simbikangwa, accusé de complicité de génocide et de crimes contre l’humanité au Rwanda, s’est ouvert à Paris ce mardi.
Il est ancien officier, et ancien chef de service central des renseignements rwandais. Il aurait également appartenu à l’Akazu, « la petite maison », à savoir, le cercle restreint de personnalités qui entouraient le président Habyarimana avant sa mort en 1994.
20 ans après le génocide au Rwanda, Pascal Simbikangwa est accusé d’avoir incité, organisé, et aidé les massacres qui ont causé, en moins de cent jours, la mort de 800 000 Rwandais, essentiellement des Tutsi et des Hutu modérés.
Rwanda : Génocide des Tutsi
Lors de ce procès, des experts se succèderont à la barre pour permettre aux six jurés de comprendre le contexte historique des faits reprochés. En 1973, le général Habyarimana, appartenant à l’ethnie Hutu, arrive au pouvoir par un coup d’Etat. S’en suivent des années de dictature, durant laquelle de nombreux Rwandais tutsi sont contraints à l’exil. Regroupés au sein du Front Patriote Rwandais (FPR), nombre d’entre eux passent à l’offensive en 1990, pour tenter de récupérer le pouvoir. Ils seront repoussés par le gouvernement hutu, aidé par les forces françaises.
En avril 1994, après quatre ans de rébellion et d’attentats, l’avion du président est abattu. Ce sera le point de départ du massacre.
Un procès qui s’annonce difficile
Dans le détail, Pascal Simbikangwa est accusé d’avoir organisé les barrages des routes et armé des miliciens hutu. Entre avril et juillet 1994, les Tutsi en fuite sont ainsi identifiés aux-dits barrages, puis exterminés à la machette et au gourdin.
L’homme nie en bloc, de même qu’il nie avoir appartenu aux escadrons de la mort lorsque le président Habyarimana était encore en vie. Mardi, les avocats de l’ancien officier ont demandé l’interruption du procès, dénonçant une inégalité de moyens entre la défense et le parquet, et expliquant leurs difficultés à faire venir des témoins à décharge depuis le Rwanda, qui craindraient pour leur sécurité.
La cour a rejeté la demande de la défense, après une heure de délibéré. Le procès, dont le verdict devrait être rendu mi-mars, s’annonce néanmoins extrêmement difficile : les victimes directes de l’accusé sont inconnues, de même que les rescapés des massacres.