Le film qui enflamme le monde arabe
Le film américain « L'innocence des musulmans » a crée une vive polémique dans la société islamique. Un extrait de treize minutes distillé sur internet ravive la haine inter-religieuse.
Tout part d’une simple vidéo disponible sur internet depuis quelques mois. Avec ses 20 000 visites, le film avait rempli son rôle, celui de créer un micro buzz. Pourtant, c’est en sous-titrant en arabe qu’il va créer la controverse. Il ne va désormais plus se cantonner à une partie de l’occident mais sera repris et agité par tout le monde arabe. L’auteur du délit ne se montre pas beaucoup depuis quelques jours, craignant pour sa sécurité. Nous ne disposons que peu d’informations à son sujet. Il se nommerait Sam Bacile, et serait promoteur immobilier en Californie âgé de 52 ou 56 ans, selon les sources. Fier de son film tourné pendant l’été 2011, il témoigne de l’indigence de l’islam, qu’il qualifie de « religion haineuse et comparable à un cancer».
A y regarder de plus près, le film est extrêmement pauvre, que ce soit sur le plan de la réalisation ou du discours. Effets spéciaux dignes d’une mauvaise série B, ils ne sont pas rattrapés par des dialogues caricaturaux et une mise en scène insuffisante. Pourtant, la où la blague de mauvais goût aurait pu s’arrêter sur le champ, le film a été repris par plusieurs groupes musulmans, et crée un choc dans la communauté islamique. Lors de manifestations, que ce soit au Maghreb ou au Moyen-Orient, nous assistons à la même scène. L’occident et particulièrement l’Amérique est prise en grippe par les contestataires, brûlants les drapeaux et agitant le spectre blasphématoire. Ces révoltes rappellent les récentes polémiques. Que ce soit les caricatures de Mahomet, le cinéaste hollandais Théo Van Gogh ou encore l’incendie des locaux de Charlie Hebdo : tous témoignent du sujet sensible qu’est la religion. Une nouvelle fois la contestation a dépassé les limites, notamment à Benghazi. La ville libyenne, théâtre de la révolution il y a quelques mois, a été touchée par l’attaque de l’ambassade américaine qui a fait quatre morts. Parmi les victimes, l’ambassadeur américain J.Christopher Stevens qui a succombé de ses blessures à la suite d’incendie. Barack Obama suivit de la communauté internationale ont tous condamné cet acte immonde et immoral, exhortant le régime libyen à tout faire pour retrouver les coupables.
On peut se montrer dubitatif quant à la réaction du monde arabe. En effet, les provocations de ce genre ne sont pas rares et se perpétuent, malgré les dérapages du passé. La où certaines revendications comme celles de Charlie Hebdo ou Théo Van Gogh se trouvent être des appels à la tolérance religieuse, le film de Sam Bacile n’en est rien.« L’innocence des musulmans » ne prône en rien la laïcité, mais se montre seulement comme un réquisitoire anti-islam. Cette diatribe d’une qualité misérable peut trouver en la liberté d’expression sa seule défense. Pourtant, la réaction d’une minorité de musulmans est tout autant condamnable. Faire l’amalgame entre la pensée d’un seul homme ou d’un groupe d’individus et celle d’une nation voire dans un sens plus large du monde occidental est douteuse. Certains musulmans ont encore mordu à l’hameçon malsain de la provocation d’un séditieux maladroit et mal intentionné. Les conséquences sont déplorables et collatérales, plusieurs innocents sont morts. Tout cela par la faute d’un pamphlet aguicheur.