L’aéroport Toulouse-Blagnac passe pour moitié sous contrôle chinois
L'Etat a cédé 49,9% de l'aéroport Toulouse-Blagnac à un consortium sino-canadien. Les élus locaux s'inquiètent.
C’est fait, l’Etat a annoncé avoir répondu à l’offre de deux investisseurs chinois associés au canadien SNC Lavalin. C’est ce consortium qui a fait la meilleure offre (308 millions d’euros) pour la cession de l’Etat de l’Etat de 49,9% de l’aéroport Toulouse-Blagnac, a annoncé Emmanuel Macron au quotidien la Dépêche du Midi.
Sur les rangs figuraient également les associations Vinci-Edf-Caisse des Dépôts, et Aéroports de Paris associés avec Predica et le fonds Cube de Natixis.
Aéroport Toulouse-Blagnac : une concession jusqu’à 2046
Comment se compose le nouveau capital de l’aéroport ? 49,9% passent donc sous contrôle sino-canadien, avec une option dans trois ans sur les 10,1 % restant de ce que l’Etat possédait. Collectivités locales et la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) restent propriétaires de 40% du capital.
Il convient de préciser que le canadien SNC Lavalin intervient ici en tant qu’expert gestionnaire d’une quinzaine de petits aéroports en France, et n’a pas participé financièrement à ce rachat partiel.
Certains élus locaux inquiets
Sur place, cette cession d’une partie de l’aéroport inquiète. Bernard Keller, vice-président de Toulouse Métropole, “regrette cette décision parce que l’Etat n’avait pas l’obligation de vendre ses parts, mais aussi la méthode qui n’a pas permis à des entreprises et fonds régionaux d’investir dans l’aéroport”.
Mais dans le même temps, le maire UMP de Toulouse Jean-Luc Moudenc préfère parler des enjeux économiques, en indiquant qu’il faut continuer “l’action concertée et commune des actionnaires locaux”, l’objectif étant de préserver l’emploi.
Au niveau national aussi, ce rachat fait parler. Ainsi Karine Berger, secrétaire du PS à l’économie se disait “pas très convaincue par cette idée de vendre l’aéroport de Toulouse à des fonds étrangers. Je suis très mal à l’aise sur le fait qu’on puisse laisser vendre ces infrastructures à des structures étrangères qui ne sont pas européennes, et je voudrais qu’on puisse trouver une solution alternative”.
Pour sa part, le ministre de l’Economie a indiqué qu’il ne “s’agit pas d’une privatisation mais bien d’une ouverture de capital dans laquelle les collectivités locales et l’Etat restent majoritaires avec 50,01 % du capital. On ne vend pas l’aéroport, on ne vend pas les pistes ni les bâtiments qui restent propriété de l’Etat”.