La mélioïdose, l’autre infection tropicale méconnue
Une étude tire la sonnette d'alarme : la mélioïdose, maladie infectieuse potentiellement plus dangereuse que la rougeole ou la dengue, serait plus répandue qu'on ne le croit à l'échelle du globe.
Connaissez-vous la mélioïdose ? Endémique en Asie du Sud-Est et en Australie, elle est une maladie infectieuse tropicale à mortalité élevée et difficilement diagnosticable. Une étude du département de médecine tropicale à l’université Mahidol, en Thaïlande, révélait lundi que cette infection sévère serait en réalité présente dans 79 pays, alors que 34 d’entre eux n’étaient pas supposés la connaître sur leur territoire.
Une bactérie résistante
Présente dans le sol, la bactérie appelée Burkholderia pseudomallei est dite tellurique. Elle se transmet par l’entremise de la peau, alors exposée à des boues ou des eaux contaminées. Elle s’avère résistante à de nombreux antibiotiques, elle peut conduire à des septicémies et des affections pulmonaires fatales.
Le Dr Direk Limmathurotsakul indique, et c’est Pourquoi Docteur? qui nous livre cette traduction : “Alors que la mélioïdose est connue depuis plus de 100 ans, elle reste une pathologie tropicale méconnue, même parmi les professionnels de santé qui travaillent dans les régions touchées”.
La mélioïdose, plus mortelle que la dengue
Les chercheurs ont travaillé sur des données archivées entre 1910 et 2015. Selon eux, l’infection a tué quelque 89.000 personnes sur les 165.000 atteintes pour la seule année dernière. En comparaison, la dengue n’en a tué “que” 12.500 quand la rougeole faisait 95.000 victimes. Elle est, dans les régions asiatiques où elle est endémique, l’une des 3 causes de mortalité par maladies infectieuses.
Comment se fait-il que la maladie gagne du terrain au niveau mondial ? Si le développement du tourisme l’explique grandement, le diabète est aussi pointé du doigt. Pourquoi ? Les plaies du pied étant vectrices de l’infection, les personnes diabétiques touchées sont susceptibles de faire voyager la bactérie et la transporter dans leur pays d’origine. Désormais, les auteurs de l’étude parue dans la prestigieuse revue Nature attendent des scientifiques et des autorités une prise de conscience et une plus grande vigilance.