La Guinée Bissau vers un énième coup d’Etat ?
Alors que la tension était à son comble depuis plusieurs semaines dans le petit pays d’Afrique de l’Ouest, le Président par intérim, Raimundo Pereira, et son premier ministre Carlos Gomes Junior ont été arrêtés jeudi par des militaires et emmenés vers une destination inconnue.
C’est armés de roquettes que des militaires ont attaqué, jeudi 12 avril, la maison de l’actuel premier ministre bissau-guinéen également candidat au second tour de la présidentielle. Le Président, Raimundo Pereira, qui assure l’intérim du pouvoir depuis le décès prématuré du président Malam Bacaï Sanha en janvier dernier, a également fait l’objet d’une arrestation. Après avoir pris le contrôle de la radio nationale, les militaires occuperaient à présent les principales artères de Bissau : la présence de soldats se renforcerait activement au sein de la capitale, et les patrouilles à pieds auraient été remplacées par d’autres en pick-up.
Jusqu’ici, les putschistes n’ont déclaré ni leur visage, ni leurs aspirations. L’armée a néanmoins affirmé par voie de communiqué qu’elle n’aurait « aucune ambition pour le pouvoir ». Selon ses déclarations, son seul objectif serait de dénoncer l’existence d’un « accord militaire secret », selon elle conclut par le pouvoir, signé par le Premier Ministre et le Président intérimaire, le gouvernement bissau-guinéen et l’Angola. Cet accord viserait à renforcer la présence en Guinée Bissau de la mission militaire angolaise – la Missang -, en cas de crise. 200 éléments de la Missang, seraient présents sur le territoire guinéen depuis 2011, et ne cesseraient depuis d’être source de discorde entre l’armée et le gouvernement.
Un coup d’État « prévisible » ?
La rumeur d’un possible coup d’État se faisait pourtant entendre depuis plusieurs jours, à l’approche du second tour de l’élection présidentielle, prévue pour le 29 avril. Kumba Lalà (ou Yalà), qui devait affronter le Premier Ministre lors de ce scrutin, dénonce en effet, depuis près de 4 semaines, les fraudes massives qui auraient été perpétrées lors du premier tour, avec la possible complicité des autorités administratives du pays. L’homme, qui, notons-le, possède de solides connexions dans l’armée, avait appelé jeudi à un boycott de l’élection, et mis en garde « quiconque ferait campagne. »
Depuis vendredi matin, différents membres de la communauté internationale condamnent le putsch de manière unanime. La Cédéao, l’Union aAfricaine et le Portugal ont été les premiers à fermement réagir. Le 19 mars, alors que plusieurs candidats à la présidentielle portaient de sévères accusations de fraudes électorales, les deux organisations africaines estimaient quant à elles que le premier tour du scrutin s’était déroulé « en toute transparence ».