Génétique : la chirurgie de l’ADN inquiète les scientifiques
La simplification de la méthode de modification de l’ADN chez l’être humain soulève de nombreuses questions éthiques chez les chercheurs.
La frontière entre la réalité et ce que l’on appelle encore la science-fiction s’amenuise à mesure que le progrès scientifique avance. Certaines innovations, notamment dans le domaine de la santé et de la génétique, ne sont pas sans poser de nombreuses questions éthiques.
C’est le cas de l’ingénierie génétique qui permet de retravailler l’ADN d’un être humain, une science dont les avancées spectaculaires inquiètent de nombreux chercheurs.
18 chercheurs demandent un sommet de régulation de l’ingénierie génétique
C’est une nouvelle méthode de modification du génome de l’embryon humain, le CRISPR-Cas9, qui soulève de nombreux doutes dans la communauté scientifique. Mise au point en 2012 par Jennifer Doudna, une chercheuse américaine et son homologue française Emmanuelle Charpentier, cette nouvelle technique simplifie le processus et surtout, en réduit fortement les coûts. Deux composantes qui la rapprochent d’une mise en place à grande échelle.
C’est bien cela qui inquiète un collectif de 18 chercheurs qui demandent l’organisation d’un sommet permettant de réguler cette nouvelle pratique, et notamment de définir des règles précises quant à de potentiels essais cliniques sur l’homme.
Des modifications génétiques irréversibles et héréditaires
Jusqu’à maintenant, les recherches sur la modification du génome sont effectuées sur des singes et des souris. Les scientifiques estiment qu’il est désormais possible d’étendre ces recherches à l’être humain. C’est ce qui inquiète la communauté scientifique car, si une règlementation existe déjà dans de nombreux pays et notamment en France, d’autres contrées sont moins regardantes sur le sujet.
Si le décodage de l’ADN permet de désactiver certaines maladies génétiques ou de prévenir certaines maladies comme l’Alzheimer, il peut également servir à d’autres fins bien moins éthiques. De plus, les modifications du génome sont non seulement irréversibles pour le patient concerné, mais ces dernières sont également héréditaires et se transmettraient de génération en génération.
Selon le chercheur George Daley qui s’est exprimé dans le New York Times, “Nous avons le potentiel pour prendre le contrôle de notre destinée génétique, et cela pose un péril gigantesque pour l’humanité”.