Jouyet-Sarkozy-Fillon : l’affaire qui embarrasse l’Elysée
Le secrétaire général de l'Elysée est au cœur de ce qui pourrait s'apparenter à une affaire d'Etat.
Mise à jour
Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont diffusé à 3 médias (France2, AFP et BFMTV) un extrait de l’enregistrement qui prouve que Jean-Pierre Jouyet leur a bel et bien raconté que François Fillan lui avait demandé de “taper” sur Nicolas Sarkozy.
Tout commence mercredi dernier quand les bonnes feuilles du livre Sarkozy s’est tuer, publié par les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, sont relayées par l’Obs. On y apprend que François Fillon aurait demandé à Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Elysée, que le poursuites visant Nicolas Sarkozy soient accélérées. Et particulièrement au sujet des pénalités liées au dépassement du budget de campagne du candidat Sarkozy en 2012.
Les auteurs relatent des extraits d’une conversation tenue lors d’un déjeuner le 24 juin 2014 entre François Fillon et Jean-Pierre Jouyet. Ce dernier aurait raconté aux deux journalistes : “Fillon m’a dit texto ‘Jean-Pierre, c’est de l’abus de bien social. C’est une faute personnelle. (Nicolas Sarkozy) n’avait rien à demander à l’UMP, de payer tout ça'”. Puis : “Jean-Pierre, tu as bien conscience que si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir ?”.
François Fillon dénonce un complot
Dans un premier temps, Jean-Pierre Jouyet niait avoir tenu ces propos aux journalistes, qui annonçaient pourtant disposer d’un enregistrement de leur conversation. Mais dimanche, après que les deux journalistes ont affirmé pouvoir produire devant la justice cet enregistrement, il a fait volte-face en déclarant à l’AFP : “François Fillon m’a fait part de sa grave préoccupation concernant l’affaire Bygmalion. Il s’en est déclaré profondément choqué. Il a également soulevé la question de la régularité du paiement des pénalités payées par l’UMP pour le dépassement des dépenses autorisées dans le cadre de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy”. Il affirme par ailleurs avoir assuré à Fillon ne pas pouvoir intervenir dans ce dossier.
François Fillon pour sa part dément toujours, et encore au JT de TF1 dimanche soir, avoir tenu de tels propos au secrétaire général de l’Elysée. Plus tôt, l’on apprenait qu’il allait porter plainte contre Le Monde et ses deux journalistes pour diffamation.
Du côté de l’Elysée, on assure qu’aucune intervention auprès de la justice n’a été demandée depuis 2012. Ce que confirme le parquet de Paris, qui annonce que les poursuites visant Nicolas Sarkozy ont été menées “au vu des seuls éléments portés à sa connaissance par les commissaires aux comptes de l’UMP”.
Une chose est sure : les jours de Jean-Pierre Jouyet s’annoncent bien gris, voire comptés. La droite demande sa tête et le départ d’un des fidèles et amis de François Hollande ne déplairait pas à une partie de la majorité.