Jean d’Ormesson ne crains pas la mort du haut de ses 90 ans
Jean d'Ormesson fête en ce mardi ses 90 ans, et l'académicien d'avouer que l'idée de mourir ne lui fait "pas peur du tout". Il revient aussi sur l'expression "c'était mieux avant".
Le 16 juin 1925, Jean d’Ormesson venait au monde dans le 7e arrondissement de Paris. En ce mardi, l’écrivain et membre de l’Académie française vit donc son 90e anniversaire, l’occasion notamment pour lui de revenir, au micro d’Europe1, sur les difficultés de ses jeunes années.
“Il y a une formule que je récuse tout à fait c’est : ‘c’était mieux avant’. Ce n’était pas mieux avant, ça a toujours été très difficile. Nous avons connu, grâce à l’Europe, 30, 40, 50 années de paix et quand je pense à ma jeunesse, quand j’avais 10 ans ou 15 ans, c’était bien plus difficile. Il fallait choisir entre Hitler et Staline, ça n’était pas gai.”
Jean d’Ormesson récuse la formule du “c’était mieux avant”
Jean d’Ormesson a en profité pour déclarer que les soucis de santé qu’il a connus en avril dernier sont désormais derrière lui : “J’ai eu une année un peu difficile l’année dernière mais j’ai été merveilleusement soigné et je vais bien maintenant.” L’académicien s’est d’ailleurs permis un trait d’esprit sur le sujet de l’immortalité en citant le cinéaste Jean Cocteau : “Vous connaissez la définition de Cocteau : ‘nous sommes immortels pour la durée de notre vie après nous nous changeons en fauteuil.'”
Plus peur de l’oubli que de la mort ?
S’il reconnaît s’être “beaucoup occupé de la mort”, l’écrivain affirme pourtant ne pas en avoir “peur du tout”. En ajoutant que “vous mourez parce que vous avez vécu. C’est la règle et on va s’y plier comme les autres.” Jean d’Ormesson évoque néanmoins une crainte relative à son activité : “le drame pour un écrivain c’est que ses livres soient oubliés”. Une inquiétude qui n’aurait cependant pas lieu d’être en ce qui le concerne : “Grâce à Antoine Gallimard, je suis sûr que mes livres seront mis à la disposition des générations qui viennent. Donc je n’ai pas à me plaindre, mais le jugement qui sera porté sur moi dans cinquante ans personne ne peut le savoir. L’idéal, pour un écrivain, c’est d’être lu cinquante ans après sa mort.”