Islam en France : l’épineuse question du financement fait débat
L'assassinat du père Hamel a bouleversé la France. De nombreux responsables politiques ont appelé à se pencher sur la question du financement des lieux de culte et des imams.
Manuel Valls, a appelé à ce qu’il “ne puisse plus y avoir de financement de l’étranger pour la construction des mosquées“. Pour Nathalie Goulet, sénatrice de l’Orne ayant mené une mission sur le financement de l’islam en France, le problème relève davantage de la formation des imams en France. Le point sur une question qui fait débat.
Qui finance les mosquées en France ?
Contrairement aux idées reçues, le financement des mosquées en France, que ce soit leur construction et leur entretien, est généralement assuré par les musulmans de France et non pas par des pays étrangers comme le suggère le Premier ministre. Selon Bernard Godard qui officie au ministère de l’intérieur, le financement étranger des lieux de culte ne représenterait que 20 à 30% des fonds. Le reste provenant des dons des fidèles, notamment au moment du ramadan, période où les musulmans sont appelés à faire preuve d’une grande générosité.
Selon le “monsieur islam” du ministère de l’Intérieur, il y a aussi souvent une confusion importante sur les pays finançant les lieux de cultes musulmans. Bernard Godard explique notamment que les fonds les plus importants ne proviennent pas des pays du golfe mais principalement du Maroc et d’Algérie. La part apportée par l’Arabie Saoudite et la Turquie reste minime en comparaison des autres pays nord africains. De plus, les pays du golfe sont très soucieux de leurs financements afin de ne pas aggraver la mauvaise image dont souffrent déjà ces pays en France.
La difficile question de la formation des imams en France
Pour Nathalie Goulet, rapporteuse d’une mission d’information sur le financement de l’islam en France, le véritable problème vient de la formation des imams dans l‘hexagone. La député UDI de l’Orne dénonce le fait que 301 imams étrangers sont détachés en France et payés par un pays étranger. La député pointe du doigt le fait que par exemple, des imams arrivant de Turquie ne parlent pas français et ne connaissent pas la culture du pays. Elle explique que ces imams ne savent pas que la France reconnait le génocide arménien. Elle ajoute que ces imams n’ont, pour la plupart, jamais reçu de formation sur la Shoah, la peine de mort ou encore l’homophobie. La député explique que ces imams jouent pourtant un rôle important dans leurs communautés.
La formation d’imams en France respectant et connaissant la culture française semble cependant difficile à mettre en œuvre. Il n’existe pas de structures d’enseignement adéquates. Enfin, de nombreux musulmans expliquent que les discours radicaux ne se trouvent pas dans les mosquées françaises mais qu’on les retrouve sur Internet. Un meilleur contrôle des sites internet pourrait être bien plus efficace selon eux pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme que revoir la question du financement de l’islam en France.