Iran : Elles (en)lèvent le voile
Revendiquant le droit de choisir leur tenue vestimentaire, des Iraniennes s’affichent sur les réseaux sociaux sans leur voile.
En choisissant de s’afficher sur les réseaux sociaux sans leur voile, des dizaines de femmes iraniennes transgressent, depuis une dizaine de jours, les lois de leur pays. En Iran, le port du hijab est en effet obligatoire pour les femmes depuis la Révolution islamique de 1979, selon la volonté de l’Ayatollah Komeyni.
C’est à la journaliste iranienne Masih Alinejad, qui réside au Royaume Uni depuis plusieurs années, que revient l’initiative de ce mouvement de protestation. Le 3 mai dernier, elle lance une page Facebook intitulée « Sealthy freedoms of Iranian women », comprendre « Libertés furtives des femmes iraniennes ». Les femmes y sont invitées à braver les interdits en postant des photos d’elles sans leur voile. « Malgré les limites, elles (les femmes, ndlr), expérimentent de brefs moments de liberté. Cette page a pour vocation d’enregistrer ces moments », explique la journaliste sur le réseau social.
Iran : des femmes bravent l’interdit
En 10 jours, des dizaines de femmes ont ainsi osé s’afficher tête nue sur la page Facebook, qui compte à l’heure actuelle, plus de 130 000 fans, et ce, malgré la censure gouvernementale entravant l’accès aux réseaux sociaux. L’article 638 du code pénal iranien, révisé en 1996, stipule pourtant que toute femme apparaissant en public sans porter « une couverture religieuse acceptable » est passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux mois.
Les conservateurs hors d’eux
En réaction au succès de l’initiative, une manifestation organisée par les conservateurs a eu lieu le 7 mai à Téhéran. Les partisans du hijab ont fait savoir par voie de communiqué que, selon eux : « préserver la chasteté publique, respecter le hijab islamique et la sécurité morale sont des sujets cruciaux qui ne doivent pas être oubliés au prétexte de sanctions économiques ou d’un changement de gouvernement.»
Cette situation illustre parfaitement le clivage qui traverse actuellement la société iranienne, exhorté depuis l’élection d’Hassan Rohani à la présidence de la République islamique l’an dernier.
Perçu comme un « modéré », l’homme a en effet promis d’assouplir certaines restrictions concernant les droits des femmes, s’engageant notamment à suspendre l’Unité de moralité, police mise en place en 2005 par son prédécesseur Mahmoud Amadinejad, et chargée de faire respecter le code vestimentaire.