Hôpital de MSF bombardé : “ils nous voient comme une organisation terroriste”
Alors qu'un hôpital soutenu par MSF en Syrie vient d'être mortellement touché par un bombardement, le président de MSF France déplore que l'association soit considérée telle une organisation terroriste par la coalition du gouvernement syrien.
Lundi, un hôpital soutenu par Médecins Sans Frontières (MSF) en Syrie a été très durement touché par un bombardement, au moins sept personnes y ayant trouvé la mort dont un enfant et deux membres du personnel. Huit autres membres du personnel de l’établissement sont quant à eux portés disparus.
Auprès de nos confrères du Monde, le docteur et président de MSF France Mego Terzian déplore l’insécurité persistante entourant les structures de santé installées en Syrie, en particulier depuis le début de l’année : “cinq hôpitaux soutenus par MSF ont été bombardés depuis le début de l’année 2016, avec un bilan assez grave : quatorze décès parmi le personnel. En tout, dix-sept structures de santé ont été bombardées en Syrie en six semaines. L’équipe de l’hôpital bombardé ce lundi, à Maarat Al-Nouman, était visée pour la troisième fois depuis le début de la guerre.”
Syrie : cinq hôpitaux soutenus par MSF bombardés depuis début 2016
Si l’identification précise des auteurs du bombardement reste à établir, pour MSF, il ne peut vraisemblablement s’agir que d’une action validée par le régime syrien ou son allié russe : “Ce sont des zones contrôlées par l’opposition. Ce serait illogique qu’ils bombardent un hôpital qui est censé soigner leur population. Clairement, les quatre roquettes ont été envoyées par la coalition menée par le gouvernement de Damas. Et c’était délibéré, c’est certain, car quatre roquettes en quelques minutes, au même endroit, visant le bâtiment de l’hôpital, ça ne peut pas être un incident ou un hasard.”
Une action “délibérée” du gouvernement syrien selon le président de MSF France
Le docteur Terzian déplore qu’aux yeux de la coalition du gouvernement syrien, MSF fasse partie de structures considérées telles des organisations terroristes : “Aujourd’hui, en zone contrôlée par l’opposition, travailler ou faire des opérations de secours, et notamment médicales, est, pour la coalition du gouvernement syrien, un acte criminel. Ils considèrent tout personnel de santé qui travaille en zone de l’opposition comme un terroriste, même MSF. Ils nous voient comme une organisation terroriste.” Et de conclure en indiquant que “l’hôpital MSF près de Bab Al-Salameh, à la frontière, a vu le nombre de consultations tripler – de 50 à 150 par jour – au cours des dix derniers jours. C’est une guerre à huis clos où l’on massacre les gens. On bombarde les hôpitaux et les camps de déplacés et tout le monde est indifférent. Les accords de Munich du 12 février, qui parlaient d’un accès humanitaire prochainement, ne seront à mon avis pas appliqués. C’est le chaos.”