Harcelé après un selfie avec Angela Merkel, un réfugié syrien attaque Facebook
Anas Modamani, un jeune réfugié syrien qui avait pris un selfie avec Angela Merkel en 2015, attaque Facebook en justice après la diffusion de photomontage faisant de lui un terroriste.
Le jour où Anas Modamani avait sollicité la chancelière Angela Merkel pour un selfie, il ne pensait pas que ce simple cliché allait finir par lui pourrir la vie.
Harcelé depuis l’été 2015, date à laquelle il a pris cette photo, ce réfugié syrien a décidé d’attaquer le réseau social Facebook en justice qu’il juge responsable de la diffusion de plusieurs photomontages dégradant et humiliant ainsi que d’incitation à la haine.
Les internautes font de lui un terroriste
La décision de Anas Modamani de saisir la justice allemande contre le géant américain a notamment été relayée par nos confrères allemands de Bild. Tout commence en septembre 2015, lors d’une visite de la chancelière allemande dans un centre de réfugiés de Berlin. Anas Modamani saisit cette occasion unique pour immortaliser l’évènement avec un selfie publié sur les réseaux sociaux.
Depuis, la vie du jeune syrien est devenue un cauchemar. De nombreux internautes, notamment proches des mouvances d’extrêmes droites, ont repris le cliché afin de réaliser des photomontages mettant en scène Anas Modamani pour en faire un suspect de différentes attaques terroristes. Ainsi, il a été tour à tour accusé d’avoir participé à l’attentat de Bruxelles le 22 mars 2016, d’être l’auteur d’un attentat suicide à Ansbach le 24 juillet ou d’avoir agressé et mis le feu à un sans-abri à Berlin le 27 décembre.
How a Refugee's Selfie With Merkel Led to a Facebook Lawsuit – New York Times https://t.co/1ZO7Pdu70Z
— Save Privacy (@SavePrivacyNow) February 6, 2017
Facebook ne fait rien
Excédé, le jeune homme contacte un avocat et demande à plusieurs reprises à Facebook de supprimer ces images diffamantes. Devant l’absence d’action efficace de la part du réseau social, une injonction a été déposée ce 6 février au tribunal de Wurtzbourg contre Facebook Ireland Limited. Rappelons que plusieurs plaintes ont déjà été rejetées par le parquet d’Hambourg et que le parquet de Munich en examine une deuxième actuellement.
Les clichés refont en effet régulièrement surface ne sont pas supprimés tant que ces derniers ne sont pas signalés par Anas Modamani ou ses proches. Le jeune et son avocat demandent à Facebook de supprimer « proactivement » ces messages haineux à chaque fois qu’ils sont publiés et «d’empêcher la diffusion sur Internet de photos du requérant qui l’associent à des infractions pénales ou des attaques terroristes».
L’Allemagne est particulièrement vigilante quant à la suppression des contenus signalés par les internautes sur les réseaux sociaux. Volker Kauder, un haut responsable du gouvernement d’Angela Merkel, avait menacé les réseaux sociaux de mettre en place un barème d’amendes si les contenus signalés n’étaient pas supprimés assez vite. La somme de 50 000 euros par publication incriminée avait alors été évoquée.