Guinée : Moussa Dadis Camara, l’ex-chef de la junte, inculpé
En Guinée, l'ex-chef de la junte guinéenne Moussa Dadis Camara a été inculpé dans le cadre d'une enquête concernant le massacre d'opposants en septembre 2009 dans un stade de Conakry, en Guinée. Ses intentions présidentielles semblent compromises.
En mai dernier, le capitaine Moussa Dadis Camara, ex-chef de la junte de Guinée, annonçait son intention de participer à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Une déclaration que l’ancien dirigeant avait prononcée à Ouagadougou, au Burkina Faso, sa terre d’exil après qu’il ait été blessé par balles en décembre 2009.
“Je suis guinéen avant tout et rien ne m’interdit de rentrer dans mon pays.” Moussa Dadis Camara avait également signifié sa volonté de se présenter à cette élection au nom d’un nouveau parti, appelé à être “national, rassembleur” mais “ni ethnique, ni discriminatoire”.
Moussa Dadis Camara inculpé pour le massacre de 2009
En juin, et toujours à Ouagadougou, l’ancien chef de la junte guinéenne se mettra d’accord avec l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo (dirigeant de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et chef de l’opposition au président Alpha Condé) pour sceller une alliance électorale avec accord de désistement au second tour.
Élection présidentielle de Guinée : une candidature compromise ?
Il va toutefois et vraisemblablement être compliqué pour Moussa Dadis Camara de convoiter le fauteuil présidentiel de Guinée puisque l’AFP nous apprend l’inculpation, mercredi, du “petit capitaine”. Une décision intervenant dans le cadre de l’enquête portant sur le massacre d’au moins 157 opposants le 28 septembre 2009 au stade de Conakry. Ceux-ci s’étaient pacifiquement réunis pour contester la candidature de l’ex-chef de la junte guinéenne à l’élection présidentielle de 2010. Il est d’ailleurs à noter que Cellou Dalein Diallo était l’un des blessés de cette répression, même si Moussa Dadis Camara parlera d’une armée “incontrôlable” pour se dédouaner de toute responsabilité dans cette tragédie. Malgré tout, pour l’opposant Aboubacar Sylla, “Dadis a encore une grosse influence en Guinée forestière. Il peut faire basculer la majorité de l’électorat du Sud dans le camp de son choix.” Et Vincent Foucher, spécialiste de la Guinée au groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), de confirmer ces dires : “Dadis a en fait conservé une partie de la popularité que son style populiste lui avait acquise durant sa présidence.” Il ne serait donc pas surprenant de voir se constituer un comité de soutien suite à l’inculpation de l’ancien chef de la junte guinéenne.