Génocide rwandais : la France déclassifie ses archives
La Présidence française a annoncé qu'elle s'apprêtait à déclassifier ses archives portant sur la période du génocide au Rwanda.
L’entourage de François Hollande a fait savoir que la France s’apprêtait à déclassifier ses dossiers portant sur le génocide rwandais, hier 7 avril, date du 21e anniversaire du début du massacre des Tutsis.
La déclassification des archives présidentielles sur le Rwanda pour la période 1990 à 1995 était attendue et demandée depuis longtemps.
S’il est important, le geste reste néanmoins tout ce qu’il y a de plus symbolique.
Les archives militaires gardées sous silence
Une bonne partie des archives présidentielles a en effet déjà été divulguée, il y a une dizaine d’années, suite à des fuites en marge de procédures judiciaires. De nombreux documents adressés à l’Elysée ou signés de la main de François Mitterrand et datant de cette période circulent déjà sur Internet et ont même été rassemblés dans un livre publié en 2012 sous le titre “Rwanda, Les archives secrètes de Mitterrand”.
La déclassification permettra ainsi de vérifier l’authenticité de ces documents, mais il est peu probable que des éléments nouveaux puissent y être découverts.
Les documents militaires, qui pourraient permettre de répondre à certaines questions et venir éclairer les zones d’ombres qui subsistent à propos de l’opération Turquoise menée par la France au Rwanda en 1994, ne seront donc pas divulgués.
Des accusations pourtant récurrentes
Ainsi donc le rôle de la France dans le génocide rwandais restera un grand secret.
Kigali accuse pourtant régulièrement la France d’avoir été l’un des acteurs du génocide. Entre 1990 et 1994, la France a en effet apporté son soutien au régime pré-génocidaire hutu de Juvénal Habyarimana, dans sa lutte contre les miliciens tutsis (FPR) en exil, qui cherchent à reprendre le pouvoir.
Le 6 avril 1994, le président Habyarimana meurt, visé par un attentat. Véritable tournant, cet événement va déclencher l’un des génocides les plus meurtriers que l’histoire ait connu. Les Hutus descendent alors dans la rue, appelant à l’extermination des Tutsis pour venger la mort du président. En moins de 100 jours, près de 800 000 Rwandais, principalement tutsis, vont ainsi trouver la mort dans les massacres perpétrés par les Hutus.
Le rôle de la France suspect
Après le célèbre appel lancé par l’ONG Médecins sans frontières dans les colonnes du Monde, le 18 avril 1994, « On n’arrête pas un génocide avec des médecins », la France obtient l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU pour conduire au Rwanda l’opération Turquoise. Mais l’accord est obtenu difficilement, du fait des soupçons qui entourent alors ses intentions réelles.
L’opération, sous des couverts humanitaires, pourrait en effet avoir servi à exfiltrer des miliciens hutus, voire même, à livrer des armes pour préserver le pouvoir hutu en place.