Génocide arménien : les “condoléances” de la Turquie divisent
La Turquie a fait un pas en avant en adressant ses "condoléances" aux petits-enfants des Arméniens tués en 1915. A quand la reconnaissance ?
A un an du centenaire du génocide arménien de 1915, la Turquie a fait un pas en direction des descendants des massacres commis par l’Empire ottoman. Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a déclaré dans un communiqué, souhaiter que “les Arméniens qui ont perdu la vie dans les circonstances ayant caractérisé le début du XXe siècle reposent en paix et nous exprimons nos condoléances à leurs petits-enfants”.
Le communiqué ajoute que “C’est un devoir humain de comprendre et de partager la volonté des Arméniens de commémorer leurs souffrances. On ne peut nier que les dernières années de l’Empire ottoman aient été une période difficile, générant des souffrances pour des millions de citoyens ottomans, turcs, kurdes, arabes, arméniens et autres, quelle que soit leur religion ou leur origine ethnique”.
Le 24 avril 1915, le premier génocide du 20ème siècle débutait. Les Arméniens de l’Empire, accusés de complot avec la Russie, ont été déportés par centaines de milliers. Côté Arménien, on parle de 1.5 millions de morts, un demi-million selon la Turquie.
Génocide arménien : “Condoléances” ne vaut pas reconnaissance
Si Erdogan est à deux doigts des excuses, il précise que ces “souffrances” ne sont pour autant pas un “prétexte pour être hostile envers la Turquie et les transformer en conflit politique”. La reconnaissance, que la France a par exemple annoncée en son nom en 2001, est encore loin des intentions du Pouvoir turc.
Ainsi, ce communiqué est diversement apprécié. Côté Etats-unien, on juge la déclaration comme une “étape positive” vers une réconciliation. Jen Psaki, porte-parole du département d’Etat précise : “Nous croyons qu’il s’agit d’un signe positif indiquant qu’il peut y avoir une reconnaissance complète, franche et juste des faits, qui, nous l’espérons, fera avancer la cause de la réconciliation entre Turcs et Arméniens”.
En revanche, du côté des nationalistes Arméniens, c’est l’indignation. Devlet Bahçeli, qui les représente au Parlement, a vivement réagi en définissant la déclaration comme “un autre supplice pour les Turcs”. Mourad Papazian, de la Fédération révolutionnaire arménienne pour l’Europe de l’Ouest, est également déçu : “Nous craignons que cette démarche renforce le négationnisme de la Turquie, ou exprime auprès de l’opinion publique un sentiment du genre : C’est formidable, le gouvernement turc exprime ses condoléances, c’est déjà beaucoup”.
D’autre part, il convient de rappeler que le premier Ministre Erdogan est en campagne électorale, candidat qu’il est à la présidence de la République en août prochain. Il débutera également une tournée en Europe, et souhaite ainsi lisser une image de grande fermeté.