Frelon asiatique : en Europe, l’espèce est sur la voie du déclin
Victime de consanguinité, le frelon asiatique pourrait ralentir son expansion en Europe. Ce sont les scientifiques de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte qui le prédisent.
Cela fait un peu plus de 10 ans que le frelon asiatique a été pour la première fois repéré. C’était dans le Lot-et-Garonne, il s’est tranquillement installé dans deux tiers deux-tiers des départements français, mais aussi un peu partout en Europe. A l’origine de cette petite invasion, paraît-il, un unique individu femelle importé par mégarde depuis l’Est de la Chine.
Les frelons asiatiques atteints d’une “dépression de consanguinité”
Classée “espèce exotique envahissante” et “nuisible” il y a 3 ans, elle ne serait pourtant pas loin du déclin, analysent les chercheurs de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte (IRBI), situé à Tours. En tout cas, son expansion pourrait être freinée par la consanguinité. En effet, “les frelons asiatiques souffrent d’un “phénomène de dépression de consanguinité”, en raison de l’introduction initiale d’un faible nombre de reines lors de l’arrivée accidentelle de l’espèce sur le continent européen. Il se pourrait même que cette invasion soit due à une seule reine”, précise le biochimiste Éric Darrouzet.
C’est l’analyse de quelques colonies entre 2012 et 2014 qui a mis les chercheurs sur la voie. Certes, si comme pour nos frelons européens, “du printemps à la mi-août, des ouvrières sont produites et agrandissent le nid, puis de fin août à décembre des reproducteurs apparaissent (mâles et futures reines)”, il y a un hic chez Vespa velutina nigrithorax, cette espèce asiatique. Éric Darrouzet précise que “68% des colonies analysées produisaient des mâles lors de la première période alors que seules des ouvrières devraient être présentes”.
Une stérilité des mâles ?
Il poursuit : “Comme les mâles ne participent pas aux activités au sein des colonies, cette production de mâles précoces à la place d’ouvrières pourrait ralentir la croissance des colonies et à terme limiter l’expansion de cette espèce invasive”. Pour autant, la cause n’est pas encore clairement définie : les mâles seraient-ils purement et simplement stériles ?
Si pour l’homme, le venin du frelon asiatique est réputé moins toxique que celui de son cousin européen, c’est son impact sur la biodiversité qui est surtout nuisible.