Faux médicaments : une lutte à l’échelle mondiale
La fondation Chirac a lancé lundi une campagne de lutte contre un fléau qui touche une majeure partie du monde, les faux médicaments. Un combat qui semble disproportionné, et qui touche pays pauvres comme riches.
Près d’1 médicament sur 7 mis en circulation dans le monde (15%) serait un faux, selon des estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La Fondation Chirac a lancé lundi une campagne visant à lutter contre ce fléau qui touche 123 pays à travers le monde, qu’ils soient industrialisés ou en développement.
15% de faux médicaments : une moyenne
Ce taux est déjà surprenant à lire, mais il est encore plus ahurissant à l’échelle de certains pays africains, dans lesquels il peut atteindre jusqu’à 70%. Encore des chiffres pour vous rendre compte de l’énormité du phénomène ? A lui seul, ce marché pèse 75 milliards de dollars, soit tenez-vous bien, 25 fois le trafic de drogue.
Un temps reléguée aux pays en développement, la contrefaçon s’attaque désormais aux pays dits “riches”, et en cela, Internet n’y est pas étranger; sur le web, la moitié des médicaments est tout simplement d’origine frauduleuse. A noter qu’en France, en passant par une pharmacie en ligne légalement reconnue, tout risque est écarté. Autre cause, des marchés qui sont dérégulés.
Une typologie de la contrefaçon différente selon les endroits du monde
Concernant les types de médicaments contrefaits, l’on peut dire que dans les pays du Nord, ce sont ceux appelés “de confort” qui sont touchés : médicaments liés aux dysfonctionnements érectiles, ou encore produits amaigrissants. Mais sur le continent africain, une fois franchi le Sahara, ce sont des médicaments indispensables qui sont concernés, comme les antibiotiques, les traitements anti-cancer et VIH.
Caroline Atlani, médecin et directrice de al coordination anti-contrefaçon au sein du laboratoire français Sanofi, parle des risques à nos confrères de Rfi : “outre la présence de substances toxiques, ces médicaments peuvent être inactifs et entraîner des effets indésirables majeurs et des complications pour les patients”. Du côté des contrefacteurs cette fois, les risques sont infiniment plus modérés. Berbard Leroy, patron de l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (Ircam) précise toujours chez Rfi: “Les gouvernements n’ont pas de stratégie à long terme, déplore Bernard Leroy, ni de législation adaptée. Il faut revoir trois choses : la définition même de contrefaçon, les infractions à prévoir et les niveaux de peines. Enfin, il faudrait former davantage d’agents”.