En Afghanistan, Ben Laden écoutait aussi Enrico Macias
Parmi plus d'un milliers de cassettes audio retrouvées après le départ précipité d'Oussama Ben Laden de la ville de Kandahar en 2001, des enregistrements d'Enrico Macias.
En 2001, Oussama Ben Laden fuyait Kadahar, ville afghane alors théâtre de l’intervention de l’armée américaine. Dans ce départ précipité, 1.500 cassettes étaient laissées sur place. Et dans ce lot, la BBC révèle que des chanson d’Enrico Macias ont été retrouvées.
Que contiennent les 1.500 cassettes d’Oussama Ben Laden ?
Mais avant d’aller plus en avant sur cet attrait de l’ancien chef d’al-Qaïda pour la musique d’Enrico Macias, tentons d’y voir plus clair dans cette immense collection. A l’origine, c’est une famille afghane qui met la main sur ces cassettes. Un journaliste de CNN est informé de la vente de ce stock à une boutique spécialisée, et c’est l’Afghan Media Project du Williams College du Massachusetts qui en hérite finalement.
Et c’est Flagg Miller, expert en culture arabe, qui se met alors en travail. Sa plongée dans cet immense stock lui prendra plus de dix ans, ses découvertes sont par la suite consignées dans un livre, The Audascious Ascetic (l”Ascète audacieux”) qui paraît prochainement.
Dans l’immense majorité, il s’agit de chants islamiques, et de discours et sermons, prononcés par Ben Laden lui-même ou d’autres orateurs. Dans l’un d’eux, datant de 1993, On trouve une allusion àGandhi, chantre de la non-violence. Le futur chef d’al-Qaïda dit alors “Le Royaume-Uni a été forcé de se retirer de l’une de ses plus grandes colonies quand Gandhi l’Hindou a déclaré un boycott contre leurs produits. Nous devons faire la même chose avec l’Amérique”. Mais ça, c’était avant l’appel à la violence, dès 1996. Mr Miller note d’ailleurs que “Le premier ennemi d’Al-Qaida dans tous ces enregistrements, ce sont les leaders musulmans”.
Enrico Macias, présent dans les enregistrements
Et donc, parmi ces milliers d’heures d’enregistrements, Enrico Macias apparaît, avec notamment le titre Les gens du Nord, que l’on entend sur un discours de Ben Laden. “Je crois que cette collection de chansons françaises révèle à quel point les Arabes-Afghans de Kandahar parlaient des langues étrangères et avaient vécu des expériences à l’étranger“, écrit Flagg Miller. Puis, “Ces chansons suggèrent que quelqu’un, à un moment de sa vie, a apprécié les titres de ce juif pied-noir et aurait continué à les apprécier alors que (…) les écouter pouvait être considéré comme une hérésie”.
Le principal intéressé a été contacté par nos confrères de France Info. Enrico Macias pense d’abord à une mauvaise blague : “L’homme responsable des attentats du 11-Septembre qui écoute celui qui chante ‘Enfants de tous pays’, ce serait bizarre”. “Gêné”, il a terminé en déclarant que “Si c’est le cas, mes chansons ne l’ont pas empêché de commettre des atrocités”.