Droit à l’avortement : le discours de Simone Veil a 40 ans
Le 26 novembre 1974, Simone Veil montait à la tribune de l'Assemblée nationale pour défendre un projet de loi historique.
Ce jour du 26 novembre 1974, quand Simone Veil prend la parole devant les députés de l’Assemblée nationale, celle-ci ne compte que 9 femmes pour 481 hommes.
Celle qui est alors ministre de la Santé de Valéry Giscard d’Estaing doit en effet défendre le droit à l’avortement. Elle a alors dans ses mains ce qui restera comme l’un des discours les plus historiques de la Ve République à ranger au côté, s’il ne fallait en citer qu’un, de celui de Robert Badinter visant à l’abolition de la peine de mort en 1981.
Le droit à l’IVG en France en 1974, sujet très sensible
Si le discours prononcé par Simone Veil est resté dans l’histoire de la société en France, ce n’est pas uniquement par la qualité de celui-ci. Surtout, le sujet est, comme on le dirait aujourd’hui, très clivant. Il est celui qui divise les familles lors des repas dominicaux, et chauffe les esprits de toute la société.
“Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme. Je m’excuse de le faire devant cette assemblée presque exclusivement composée d’hommes. Aucune femme n’a recours de gaieté de coeur à l’avortement. Il suffit de les écouter. C’est toujours un drame”, commence Simone Veil. Elle fait référence aux 300.000 avortements alors pratiqués de façon clandestine en France à l’époque. Elle précise cependant que “l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue”.
Simone Veil a fait face à une haine farouche
C’est un euphémisme que de dire que les jours précédant son allocution, Simone Veil était pleinement consciente de se heurter à un mur d’opposition : “Il y avait tellement d’hypocrisie dans cet hémicycle rempli essentiellement d’hommes, dont certains cherchaient en sous-main des adresses pour faire avorter leur maîtresse ou quelqu’un de leurs proches”, peut-on lire dans un livre-entretien paru en 2004, Les hommes s’en souviennent aussi.
Dans son livre autobiographique (Une vie), Simone Veil écrivait aussi : “Il ne sert à rien de travestir les faits: face à un milieu au conservatisme très marqué, je présentais le triple défaut d’être une femme, d’être favorable à la légalisation de l’avortement et, enfin, d’être juive”. Mais la ministre a tenu bon, malgré les insultes dans la rue, les croix gammées découvertes sur les murs de son domicile et les menaces de l’extrême-droite. Après 3 jours d’âpres débats, l’Assemblée votait la loi IVG par 284 voix contre 189, qui entrera en vigueur le 17 janvier 1975.