Don de sang : l’EFS en grève pour défendre le don gratuit
Les salariés de l’Établissement Français du Sang entrent en grève afin de dénoncer l’ouverture du marché à des sociétés privées.
Si vous avez décidé de donner votre sang dans les jours à venir, renseignez-vous bien auprès de votre lieu de collecte pour être certain que vous pourrez être accueilli. En effet, les salariés de l’Établissement Français du Sang (EFS) ont lancé un mouvement de grève afin de protester contre l’ouverture au marché de la fabrication et de la commercialisation de plasma thérapeutique à des sociétés privées.
L’ESF veut défendre son monopole
Depuis juillet dernier, l’Établissement Français du Sang n’est en effet plus le seul organisme habilité à commercialiser le plasma « SD », l’un des trois plasmas à utilisation thérapeutique produits par ses services. Le Conseil d’État a en effet ouvert ce marché à des sociétés privées sous la pression du laboratoire suisse Octapharma.
Pire encore, l’EFS perd le droit de produire se plasma SD de par la teneur de cette nouvelle législation. Produire du plasma SD implique un processus qui vise à inactiver tout virus potentiellement présent dans le sang collecté par l’utilisation d’un solvant-détergent spécifique. Ce qui, selon le Conseil d’État, constitue une technique industrielle au même titre que la production classique de médicaments. Une production qui nécessite le statut « d’établissement pharmaceutique » que ne possède pas l’EFS. Plusieurs dizaines d’emplois risquent de disparaître suite à cette décision.
Le don rémunéré bientôt possible en France ?
Autre point de tension pour les syndicats de l’EFS, la remise en cause du système de don gratuit, modèle traditionnel sur le sol français. Le sang « gratuit » est plus sûr médicalement parlant que le sang issu de dons rémunérés, mais il coûte paradoxalement plus cher à produire, notamment avec « Des normes de sécurité, mais aussi des coûts de communication et d’organisation de 40.000 collectes mobiles pèsent lourd », explique Serge Dominique, de Force Ouvrière.
Un tarif qui pèse sur les finances du Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB) qui ne peut pour le moment se fournir qu’auprès de l’EFS en France. Pour contrer ce phénomène, le LFB se tourne vers le sang issu de dons rémunérés qui coûtent paradoxalement moins cher à produire. C’est pour cela que l’organisme a ouvert son propre centre de prélèvement en Autriche et espère, à terme, pouvoir organiser sa propre collecte en France.
Sur un marché mondial estimé à 12 milliards d’euros, on estime dans les hôpitaux français que 40 % des médicaments issus du sang proviennent de dons rémunérés.