Distilbène : sans ordonnance, une victime gagne son procès contre un laboratoire
Une jeune femme vient de remporter son procès contre le laboratoire UCB Pharma, et ce alors qu'elle ne disposait pas des ordonnances pouvant attester de la prise de distilbène par sa mère. Un médicament pouvant provoquer cancers et malformations de l'appareil génital.
C’est à l’âge de 19 ans que Stéphanie se découvre une lourde malformation utérine. Pour les médecins qui examinent son cas, le doute n’est pas permis : c’est la prise de distilbène par sa mère durant sa grossesse qui est en cause. Jeudi, au terme d’une procédure judiciaire longue de dix ans, la jeune femme a finalement obtenu réparation dans son combat contre le laboratoire UCB Pharma.
126.000 euros de dommages et intérêts lui ont ainsi été accordés par la cour d’appel de Versailles. France Inter, qui rapporte l’information, ajoute que Stéphanie a été conduite à l’adoption suite à son impossibilité d’enfanter, en dépit de plusieurs contraignantes opérations et de tentatives de FIV (fécondation in vitro).
Malformation liée au distilbène, une évidence pour la justice
La victoire n’était cependant pas acquise d’avance, comme l’a indiqué Stéphanie : “C’est une première, car je n’ai ni les ordonnances de ma mère, ni ce qu’on appelle une ‘malformation typique’ du distilbène, c’est-à-dire un utérus en Y ou en T. Ce n’est pas mon cas. Le problème du distilbène, c’est que les effets sont nombreux, et c’est ça qui est compliqué à prouver.”
La cour d’appel a ainsi considéré le lien entre la malformation de la jeune femme et le distilbène évident, sans qu’il y ait besoin d’apporter une preuve formelle de cette relation.
Une procédure “aussi pour toutes celles qui n’osent pas”
Stéphanie, présidente l’association “les filles DES”, reconnaît que la durée de sa démarche n’incite pas d’autres victimes potentielles du distilbène, tout en indiquant n’avoir pas seulement agi pour sa propre personne :
“J’ai lu des dizaines, des centaines de témoignages de filles distilbène qui s’interrogent sur le fait d’entrer en justice, mais qui ont peur, la justice française étant longue est pas très bien adaptée… Mais chaque décision judiciaire individuelle aide les futures décisions. Ma procédure je l’ai faite pour moi, mais aussi pour toutes celles qui n’osent pas. On est toutes victimes du distilbène, quel que soit l’effet qu’il a eu dans notre corps”.