Un dentiste sur trois refuse de soigner les patients séropositifs
Environ 30% des dentistes (un sur trois) en France refusent de prendre en charge les patients séropositifs. Une pratique pourtant interdite par le Code de la santé publique mais que les dentistes contournent en utilisant des excuses déguisées pour contourner la loi.
C’est un constat plutôt choquant et qui en dit long sur les efforts à fournir en matière de sensibilisation sur la prise en charge des patients séropositifs. Selon une étude de l’association de lutte contre le Sida « Aides », 30 % des dentistes interrogés refuseraient de recevoir les patients porteurs du VIH. Un constat qui n’est pas plus brillant chez les gynécologues.
Les excuses déguisées des dentistes
Cette étude, réalisée du 7 au 10 avril 2015 et relayée par Le Parisien, a permis d’interroger 440 dentistes et 116 gynécologues afin d’évaluer les comportements des praticiens face aux patients séropositifs. Les militants de l’association Aides ont pris contact avec les professionnels de santé afin de prendre un rendez-vous pour un détartrage ou un frottis en cachant dans un premier temps leur séropositivité puis en la dévoilant. De plus, ils se sont présentés sous un nom à consonance française et indiquaient ne pas être bénéficiaires de la CMU pour ne pas inciter à d’autres formes de discrimination.
Les résultats de l’enquête démontrent que 3,6 % des dentistes (soit 16 sur 440) ont purement et simplement refusé de recevoir le patient à cause du VIH. 30 % (soit 132 dentistes) ont trouvé divers moyens (horaires contraignants, dépassements d’honoraires, manque de connaissance de la pathologie, matériel inadapté…) pour ne pas recevoir le patient.
Les gynécologues s’en tirent mieux
Du côté des gynécologues, les refus sont moins systématiques. Seulement 2 refus sur les 116 gynécologues interrogés ont exprimé un refus direct et 4,3 % ont utilisé des motifs de refus déguisés (5 sur 116).
Bruno Spire, président de l’association Aides, précise que ces praticiens n’ont pas été choisis au hasard « Nous avons choisi de cibler ces spécialistes, car les remontées de discrimination et de petites humiliations venaient de là ». Selon lui, les associations de patients devraient « être étroitement associées à l’évaluation des refus de soins », prévue dans la loi, mais dont « seuls les ordres médicaux sont chargés ». Pour Christian Couzinou, président de l’ordre national des chirurgiens-dentistes, ces refus sont anormaux et toute plainte dans ce sens est suivie de poursuite de la part de l’ordre. Ce dernier conclut « Dans les cabinets, les précautions sont les mêmes, quel que soit le patient. D’ailleurs, certains ignorent qu’ils sont séropositifs, et quand ils le savent ils ne sont pas obligés de le dire ».