Déchéance de nationalité : pas forcément “une bonne chose” selon Rocard
Michel Rocard a déclaré mardi sur France Inter que la déchéance de nationalité appelée à être inscrite dans la Constitution ne lui apparaît pas forcément comme "une bonne chose".
Vendredi, la réforme constitutionnelle annoncée par François Hollande au sortir des attentats de novembre 2015 sera examinée en séance à l’Assemblée nationale. Le texte vise à inscrire l’état d’urgence dans la loi fondamentale de même que la déchéance de nationalité pour les individus reconnus coupables de délits ou crimes terroristes.
La désormais ex-ministre de la Justice Christiane Taubira a exprimé son désaccord quant à cette dernière mesure en démissionnant purement et simplement du gouvernement. Et la déchéance de nationalité n’apparaît pas non plus du goût de Michel Rocard, l’ex-Premier ministre ayant ainsi indiqué mardi au micro de France Inter qu’il ne voyait pas le bien-fondé de cette inscription.
Michel Rocard sur la proposition de la déchéance de nationalité : “pas une faute morale”, “juste un excès”
“La déchéance de nationalité est une chose grave, elle désacralise la nationalité, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose”. Michel Rocard considère par ailleurs que la proposition de la déchéance de nationalité “n’est pas une faute morale, c’est juste un excès”. Et d’ajouter que “les symboles, c’est très important, nous en vivons, nous y sommes accrochés mais quand on quitte la réalité, on ne fait pas de bien au pays, probablement. C’est pour moi une cause un peu incertaine”.
“Un texte complètement inutile” pour Alain Juppé
Le maire de Bordeaux Alain Juppé, qui ne se prononcera pas sur le texte en raison de son statut de non-parlementaire, a quant à lui réaffirmé à Alger tout le mal qu’il en pensait : “J’étais opposé à l’idée d’étendre la déchéance de la nationalité. Ça a provoqué un tohu-bohu. C’est un texte complètement inutile. Un djihadiste (français) en Syrie qui envisage de se faire exploser en France, pensez-vous qu’il sera dissuadé par la déchéance de la nationalité ? La vraie réponse au terrorisme est le déploiement des forces de sécurité et l’amélioration du renseignement”.