Corée du Nord : des funérailles grandioses entre tension militaire et famine
La Corée du Nord endeuillée par la mort de son leader depuis le 17 décembre, s'apprête à lui offrir des funérailles grandioses en signe d'allégeance.
Mercredi 28 décembre auront lieu les obsèques de Kim Jong-il, soit onze jours après sa mort. Aucune information officielle n’a encore été divulguée mais à l’instar des obsèques en 1994 du père du défunt et fondateur de la dynastie Kim Jong-il, les observateurs s’attendent à voir le pays manifester toute sa loyauté envers le pouvoir aux travers de grandioses cérémonies. Cette mise en scène du nouveau régime verra s’articuler les acteurs du nouveau régime autour du futur leader Kim-Jung-un appuyé ces derniers jours par le parti unique et par l’armée.
L’adulation du dictateur, installé au pouvoir durant 17 ans, a de quoi surprendre la communauté internationale. La télévision nord-coréen diffuse des scènes de lamentations et de pleurs dans les rues de Pyongyang qui véhiculent l’image d’un dirigeant adulé par son peuple. Les analystes occidentaux s’interrogent sur l’authenticité d’une telle effusion d’émotions lors du deuil national et bon nombre d’observateurs se rejoignent sur l’idée que les Nord-Coréens souffrent de leur méconnaissance du monde environnant, et par conséquent, craignent que l’avenir du pays soit compromis par la disparition de leur protecteur.
Ci-dessous, un montage représente les différents dirigeants de l’actuel dynastie de Corée du Nord avec leur date d’exercice du pouvoir en tant que “Chef suprême de la République populaire et démocratique de Corée”. Nous vous les présentons de gauche à droite : Kim Jong-Il (1994-2011) Kim Il-sung (1972-1994) et Kim Jong-Un (2011 – ?). Cependant Kim Il-sung, né en 1912, fut le fondateur et le premier dirigeant de la Corée du Nord de 1948 jusqu’à sa mort où il transmit le pouvoir à son fils Kim Jong-Il.
Reposant actuellement au mausolée de Pyongyang, la dépouille de Kim Jong-il fait l’objet d’un recueillement de dignitaires Nord-Coréen depuis plus d’une semaine. Ces images de deuil sont largement véhiculées par les médias nationaux. Pourtant les personnalités qui s’agglutinent auprès du défunt ne sont en rien représentatives des conditions de vie de la population. Yeom Kwang-Jin, exilé en Corée du Sud aidant les transfuges du Nord affirme qu’à “Pyongyang, les gens reçoivent un peu, ailleurs, la distribution a complètement stoppé. Les gens se tournent vers le marché noir pour survivre“.
Lee Hae-Young, directeur de l’Association des transfuges nord-coréens raconte que “Personne ne peut manger trois repas par jour. Les gens font ce qu’ils peuvent pour manger au moins une fois […] la moitié de mes amis restés là-bas sont soit morts de faim soit quasi-invalides et n’ont plus de dent.”
La scène diplomatique internationale focalise à présent son attention sur le troisième fils du dictateur et successeur, Kim Jong-un, qui s’apprête, en tant que “commandant suprême” à prendre la tête de la quatrième armée permanente au monde. À plus forte raison, la Corée du Nord possède l’arme nucléaire depuis au moins 2006, l’année de son premier essai. L’agence de presse officielle KCNA dépeint auprès des habitants un portrait du futur dirigeant en ces termes : “Kim Jong-Un, grand successeur de la cause révolutionnaire et leader avisé de notre parti, de l’Etat, de l’armée et du peuple, est à la tête de la révolution“.
Entre les deux frères voisins, séparés suite à la guerre de Corée en 1953, les relations sont tendues. Les contingents militaires jalonnent les frontières avec une vigilance renforcée en cette période de trasnitions mais le gouvernement sud-coréen a tenté d’instaurer des relations apaisées en envoyant un message de “condoléances au peuple de Corée du Nord“.
Cette bascule du pouvoir en phase de transition soulève l’espoir d’une ouverture des frontières nord-coréennes à l’aide internationale pour permettre au pays de nourrir ses habitants tout en apaisant les tensions par des relations diplomatiques renforcées, sans doute sous l’arbitrage de la Chine. À l’heure actuelle aucun observateur étranger n’est toléré sur le territoire si ce n’est sous une étroite surveillance.